«Action… réaction», explique simplement avec son fort accent américain Lisa Aidan, femme d’affaires installée en France depuis trente ans, mobilisée dans l’organisation de la Women’s March à Paris. «Il ne faut pas rester avec les mains dans les poches. Si Trump peut être élu aux Etats-Unis, cela peut arriver partout, et surtout en France. C’est impératif de défendre nos droits.»
De Tel-Aviv à Bangkok
L'édition parisienne de la Women's March fera écho à celle de Washington qui se déroulera également samedi. L'initiative féministe, partie d'Hawaï, avait appelé les femmes américaines à se rassembler dans la capitale pour défendre leurs droits après l'investiture du président élu Donald Trump. Parmi les 616 «marches sœurs» prévues de Londres à Berlin en passant par Tel-Aviv, Bangkok ou Johannesburg, l'édition parisienne, qui aura lieu samedi à partir de 14 heures, du Trocadéro à l'Ecole militaire, espère rassembler plus de 10 000 personnes, selon ses organisatrices. «Alors que le nouveau président des Etats-Unis s'apprête à appliquer l'idéologie violemment sexiste, lesbophobe, homophobe, xénophobe et raciste qu'il a défendue durant toute sa campagne, nous sommes toutes mobilisées», peut-on lire sur l'événement Facebook.
Quand on demande à Lisa Aidan si samedi, son cœur ne sera pas plutôt à Washington, la réponse est définitive. Après avoir perdu la Maison Blanche, il faut défendre l'Elysée : «Je manifeste pour les deux. On est outrées, choquées du fait que Trump ait été élu. On manifeste bien évidemment en réaction à tout ce qu'il représente, mais aussi pour les droits des femmes, les droits humains, et les menaces qui pèsent sur eux en France.» Elle l'assure : cette marche, que les organisatrices espèrent historique, marquera le coup d'envoi d'une mobilisation durable en Europe, où le droit des femmes est sans cesse remis en cause (plus récemment, en Espagne et en Pologne). «On envoie un message à cette nouvelle administration et au monde pour dire : "No"», continue la femme d'affaires en franglais.
«Il s’agit des droits humains en général»
En France, c'est la Coordination française pour le lobby européen des femmes (CLEF) qui a pris l'initiative d'organiser une marche pour soutenir les Américaines, en collaboration avec les pro-Clinton de Pantsuit Nation France dont fait partie Lisa Aidan. Selon la présidente de la CLEF, Françoise Morvan, le mouvement se veut le plus inclusif possible. «Quand on parle de droits des femmes, il s'agit en fait des droits humains en général.» Pour elle et pour les 65 associations militantes qui font partie de la CLEF, la solidarité avec les Américaines est nécessaire face à la menace que Donald Trump représente. «Aujourd'hui, le droit des femmes est restreint de partout. On voit bien que même dans notre débat présidentiel, des choses essentielles comme le droit à l'avortement sont remises en question.»
Si les équipes de Donald Trump ont eu du mal à trouver des artistes pour la cérémonie d’inauguration du nouveau président, la Marche pour les femmes, elle, peut compter sur la présence de plusieurs stars. Outre la pub faite par Beyoncé, les organisatrices peuvent compter sur la présence de Scarlett Johansson, Cher, Katy Perry ou Amy Schumer qui ont confirmé leur mobilisation samedi. Les organisatrices françaises, elles, attendent toujours la confirmation de la maire de Paris, Anne Hidalgo.