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Libération

Marie et Charles, des avocats pas encore mûrs

Deux enfants de Fillon ont bien prêté serment devant le barreau de Paris, mais quand le candidat n’était plus sénateur alors qu’il prétend les avoir employés à cette époque.
publié le 27 janvier 2017 à 20h56

«Lorsque j'étais sénateur, il m'est arrivé de rémunérer, pour des missions précises, deux de mes enfants qui étaient avocats, en raison de leurs compétences.» C'est ce qu'a annoncé de lui-même François Fillon, jeudi sur TF1, alors que Gilles Bouleau l'interrogeait sur l'emploi présumé fictif de sa femme, Penelope. Deux des cinq enfants du candidat LR à la présidentielle, Marie (34 ans) et Charles (32 ans), sont bien avocats. Sauf qu'aucun des deux ne l'était à l'époque où François Fillon était au Sénat, entre septembre 2005 et juin 2007…

Annuaire. La plus âgée des enfants, Marie Fillon-Boursican, née en 1982, travaille depuis octobre dans l'antenne parisienne d'un cabinet international, Dechert. Elle a le statut d'associée et se consacre aux questions de propriété industrielle, brevets, marques ou droits d'auteur, comme le précise le site du cabinet. Elle a suivi des études de droit à l'université Panthéon-Assas, où elle sera diplômée, en 2004 et 2005, d'une maîtrise en droit des affaires puis d'un DEA en propriété littéraire, artistique et industrielle. Mais selon l'annuaire du barreau de Paris, la jeune femme n'a prêté serment que le 14 novembre 2007. Soit cinq mois après que Fillon a quitté le Sénat pour Matignon, en juin 2007. L'autre enfant Fillon avocat, c'est Charles, deuxième de la lignée. Il travaille aujourd'hui au sein du cabinet SLVF. Son domaine est très financier : les fusions-acquisitions et le droit boursier. Sauf que Charles Fillon, lui aussi, n'était pas avocat au moment où son père était sénateur. Et il n'avait que 22 ans. Après des études de droit à la Columbia Law School, en 2008 et 2009, il sera inscrit au barreau de New York en 2010, et de Paris en 2011. Donc bien après la fin du mandat du père au Sénat.

«Imprécision». Quant à leurs «compétences», elles ont peu à voir avec les centres d'intérêt de Fillon sénateur. Car à en croire le site du Sénat, les très rares traces d'une activité de ce dernier, membre de la commission des Affaires culturelles lors de son mandat de 2005 à 2007, se résument essentiellement à deux choses : une proposition de résolution «tendant à la création d'une commission d'enquête sur l'immigration clandestine», et une question au ministre de l'Agriculture de l'époque sur la crise avicole. Pas vraiment en rapport avec les fusions-acquisitions ou la propriété intellectuelle.

Par ailleurs, si François Fillon semble aussi discret au Sénat sur cette période, c’est parce qu’il est alors très investi dans la campagne présidentielle en cours en tant que responsable du programme de Nicolas Sarkozy.

Vendredi, dans l'entourage de l'ancien Premier ministre, on justifiait le travail de la fille en racontant qu'elle l'aurait «notamment aidé à la préparation de son livre» la France peut supporter la vérité, paru en octobre 2006. Interrogés par l'AFP, les proches du candidat ont aussi expliqué qu'il avait eu «une imprécision de langage» et qu'il voulait dire qu'ils «sont avocats à l'heure actuelle et non qu'ils l'étaient à l'époque».