Menu
Libération
La France invisible

«Les politiques n’ont qu’à commencer par arrêter de gaspiller»

La France invisibledossier
publié le 31 janvier 2017 à 20h56

Pendant la présidentielle, Libération sonde cinq lieux de la «France invisible». Ce mercredi, des jeunes du lycée professionnel Saint-Philippe de la fondation Apprentis d'Auteuil, à Meudon.

Nous revoilà à Meudon, dans ce lycée professionnel qui fait penser à Poudlard (le château dans Harry Potter). Au dernier étage du bâtiment de la filière Eleec (électrotechnique), on retrouve notre bande de garçons. Ils sont neuf.

«De quoi avez-vous envie de parler aujourd’hui ?»

- «De meufs, madame.»

La semaine politique a pourtant été mouvementée. On embraye : «Alors… de Pénélope Fillon, peut-être ?» Réponse : «Qui ?» La majorité d'entre eux n'est pas au courant. Vincent a entendu «quelques trucs vite fait à la télé», mais sans plus. Le temps de résumer l'histoire et ils taclent d'un «tous les mêmes. On n'est pas du tout surpris». Thomas, un brin philosophe, ajoute : «Disons que certains se cachent mieux que d'autres, on va dire ça.» Le sujet est clos. Il reviendra néanmoins incidemment à la fin de l'heure passée ensemble. A ce moment-là, on parle d'emploi, des galères pour en trouver un, de l'importance des stages (ils s'apprêtent à faire le sixième de leur scolarité, au retour des vacances de février). Cinq élèves sur les neuf passeront quatre semaines dans des hôtels parisiens, à s'occuper de la maintenance. La direction du lycée a aidé ceux qui galéraient à trouver une entreprise. Amin estime qu'il serait judicieux de donner «des primes aux patrons pour qu'ils prennent plus de gars en alternance». S'il peut, il continuera après son bac, avec un BTS. La plupart envisagent aussi de poursuivre leurs études. «Parce ce que ce qu'on a aujourd'hui avec un bac + 2, c'est ce qu'on avait à l'époque avec un bac», dit Vincent. Thomas, lui, table sur le prochain salon étudiant pour savoir vers quelle direction aller, il veut se réorienter.

Slade aussi, mais lui a déjà un projet ficelé «dans l'informatique, j'y arriverai d'une façon ou d'une autre». Plus tard, il se verrait bien auto-entrepreneur, mais pas en France, «sûr que non. Peut-être au Canada, là-bas, t'es plus libre et y a moins d'impôt». La discussion s'anime, beaucoup rêvent comme lui du Canada. Gomis voudrait «que les charges baissent pour les artisans, c'est pas justifié de payer tout ça». Quid de l'utilité des impôts pour financer le système de santé et l'école ? Il rétorque : «Les politiques n'ont qu'à commencer par arrêter de gaspiller tout l'argent public comme ils font.» Ils ne tenaient pas à parler de l'affaire Fillon mais c'est tout comme, finalement.