Deux morts, un malade et un médecin. Deux faits divers qui ont pour seul point commun le monde de la santé.
Il y a une semaine, c'est un patient hospitalisé à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris qui a été retrouvé mort, perdu dans les locaux de l'établissement parisien, un endroit pourtant censé être un lieu d'hospitalité. Il a été découvert «trois jours après sa disparition et malgré des recherches quotidiennes», selon l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
L'homme n'avait rien d'un fou, c'était juste un malade. «Il y a huit mois, une mauvaise chute dans un escalier avait entraîné une commotion cérébrale aux séquelles assez lourdes : troubles du langage, de la mémoire, crises d'épilepsie et grande désorientation», explique le Parisien. Hospitalisé à Sainte-Anne, le patient de 47 ans connaît de nouveaux ennuis de santé, qui conduisent à son transfert à l'hôpital Pompidou.
Samedi, il aurait quitté sa chambre du service de médecine interne, au 8e étage. C'est là qu'il s'évapore. Sa disparition aurait été signalée le «même jour». Les services de sécurité de l'établissement auraient même «inspecté les locaux de l'ensemble de l'hôpital». Les recherches, renouvelées les jours suivants, ne donnent aucun résultat, tout comme les rondes des «équipes de service de sécurité incendie et d'assistance aux personnes», explique encore l'AP-HP.
Nul ne sait ce qui s'est passé, mais le patient est retrouvé dans les sous-sols soixante-douze heures plus tard. «Comment cet homme vêtu d'une simple chemise d'hôpital et pieds nus, très affaibli et tenant à peine sur ses jambes, incapable de se nourrir seul ni même de tenir un verre d'eau, a-t-il pu fuguer ?» s'interroge l'un de ses frères au Parisien.
Montée des violences mais surtout des incivilités
Autre lieu, autre drame. Faut-il, là aussi, mettre sur le compte de la fatalité ce qu'il s'est passé à Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir ? Nous sommes dans un cabinet de ville où pratiquent deux médecins, dont le Dr Patrick Rousseau. Mercredi après-midi, celui-ci est retrouvé mort, le corps lardé d'une trentaine de coups de couteau. Un suspect est vite arrêté dans la rue par des policiers qui avaient remarqué sur lui une blessure au bras. L'homme délirait, expliquant qu'il s'était entaillé «pour enlever une puce électronique qu'on lui avait posée». Hospitalisé pour faire soigner ses blessures, il a même agressé le personnel soignant.
« Je suis passé au cabinet mercredi vers 11h20 pour chercher du courrier, a raconté son associé, le Dr Michel Girard, au Quotidien du médecin. C'est là que je l'ai trouvé. Ses derniers patients de la matinée étaient partis, quelqu'un a dû sonner au dernier moment.» Tous les médecins de la ville ont fermé leur cabinet dès l'annonce du crime. Un de ses collègues, le Dr Philippe Rouault, ajoute : «Il a dû tomber sur un patient détraqué, ça nous arrive à tous de recevoir sans rendez-vous un patient véhément que vous ne connaissez pas forcément. Vous n'accédez pas à sa demande, et ça dégénère en catastrophe.»
Comment empêcher un acte comme celui-là ? Certains médecins mettent en cause l'ambiance générale, comme le responsable départemental de la CSMF (Confédération des syndicats de médecins de France), Gérald Galliot : «Les violences, qu'elles soient physiques ou verbales, augmentent dans les cabinets. Pas une année sans qu'un confrère ne soit brutalisé à son cabinet.» L'Observatoire des violences contre les médecins, que tient l'ordre, met plutôt en avant une montée des incivilités, bien plus qu'une augmentation des violences physiques. En tout cas, les actions et les hommages s'organisent. Et ce mardi, un rassemblement est prévu devant la préfecture de Chartres.