C'est une mesure que le Front national demande en boucle et qui figure dans son programme présenté samedi : «fermer les toutes les mosquées extrémistes». Début janvier, le vice-président du FN, Florian Philippot, demandait sur l'air de l'évidence : «Il y en a à peu près 120 aujourd'hui en France. […] Comment se fait-il qu'elles ne soient toujours pas fermées ?» Pourquoi ? Parce que les choses sont souvent plus compliquées que certains responsables politiques veulent bien le dire. Ce chiffre de 120 mosquées correspond au décompte du Service central des renseignements territoriaux (SCRT), qui livre régulièrement des notes sur le sujet. Une version récente mentionnait ainsi 124 lieux d'«implantations associatives salafistes sur le territoire national».
Une source du renseignement dans un département concerné explique cependant : «On les surveille toutes sans a priori, sans volonté ni objectif de fermeture. Seulement certaines ont vocation à être fermées, celles qui posent problème.» Car fermer une mosquée exige de vraies justifications. Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, le soulignait le 2 janvier sur France Inter : «Je veux quand même rappeler que nous avons fermé une vingtaine de mosquées salafistes […] mais qu'on ne ferme pas des mosquées dans ce pays en contravention avec toutes les règles de l'Etat de droit et les principes constitutionnels.»
En clair, et c'est la principale raison : le salafisme n'est pas interdit, et n'est donc pas, en soi, une raison suffisante à la fermeture d'une mosquée. Mais en vertu de la loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence, modifié en 2016, peut être ordonnée «la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature, en particulier des lieux de culte au sein desquels sont tenus des propos constituant une provocation à la haine ou à la violence ou une provocation à la commission d'actes de terrorisme ou faisant l'apologie de tels actes.» C'est sur cette base, pas toujours évidente à établir, que plusieurs mosquées ont été fermées depuis novembre 2015.