Le rassemblement avait valeur de symbole. Samedi après-midi, quelques deux-mille personnes s'étaient rassemblées à Bobigny, réclamant la «justice pour Théo», victime d'un viol présumé lors d'une interpellation le 2 février. «La police viole», «je ne suis pas un bamboula», «la police tue des innocents», pouvait-on lire sur des pancartes. «Tout le temps, on se fait contrôler, agresser. On nous parle mal. On nous dit "Ferme ta gueule, mets-toi là". On nous met des petites claques», a raconté à l'AFP un jeune homme d'une vingtaine d'années, Kenzo.
L'affaire, devenue hautement politique, a ravivé la délicate question des rapports entre jeunes et forces de l'ordre en banlieue. Après plus d'une heure de manifestation, malgré les appels au calme - notamment de Théo et sa famille et du rappeur Sofiane sur place - des policiers postés sur une passerelle ont reçu des projectiles. Des bruits de pétards et des mouvements de foule ont suivi. Des casseurs s'en sont pris à des vitres d'immeubles et au mobilier urbain.
«Plusieurs centaines d'individus violents et très mobiles» ont commis diverses «exactions et dégradations», a affirmé la préfecture de police de Paris. Dans un communiqué, elle liste notamment: projectiles lancés contre «des bâtiments publics, des établissements commerciaux», quatre véhicules incendiés, deux commerces et la gare routière «dégradés», plusieurs poubelles incendiées. Des policiers ont «dû intervenir pour porter secours à une jeune enfant se trouvant dans un véhicule en feu», ajoute la PP. Une erreur, puisque ce ne sont pas les policiers qui ont réalisé ce geste.
De l'autre côté. #Bobigny pic.twitter.com/zWJSd5rbbE
— Ismaël Halissat (@ismaelhat) February 11, 2017
Un camion-régie aux couleurs de RTL a notamment été incendié. Dans une déclaration à l'AFP, la radio indique que son équipe sur place a été «choquée mais pas blessée» et «condamne cet acte de violence», assurant «qu'elle ne cédera à aucune forme d'intimidation». Une camionnette aux couleurs d'Europe 1 a également été attaquée. «On s'est pris un pavé qui a explosé une vitre latérale. Il n'y a aucun blessé», a dit à l'AFP Marc Messier, rédacteur en chef weekend, ajoutant que «la radio va porter plainte lundi».
Ces «débordements violents» ont été «fermement» condamnés par le président de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), précisant que «certains bâtiments du Conseil départemental» ont également été «visés».
Sous les gaz lacrymogènes, la manifestation a pris fin en début de soirée mais les incidents se sont poursuivis jusqu'à minuit environ, à Bobigny et dans les communes proches, a expliqué la source policière. Des véhicules et des poubelles ont notamment été incendiées et des commerces dégradés par des jets de pierre à Drancy, Noisy-le-Sec ou Bondy. Un policier a été «très légèrement blessé» au cours de ces incidents. Trente-sept personnes ont été interpellées dans la soirée de samedi en Seine-Saint-Denis, a-t-on appris de source policière.