Les tribunes que nous publions (à lire ici et ici) ne sont pas une charge contre la France et la police. Il n'y a pas ici de volonté des signataires de s'exclure de la République et du droit, comme le martèleront sans doute les identitaires médiatiques, mais, au contraire, une exigence de République irréprochable. Celle-là même qui fut promise, et qui trop souvent n'est pas venue. Le déplacement de François Hollande à Aubervilliers ce mardi, dans un nouveau geste d'apaisement, rappelle surtout ce rendez-vous raté de la gauche avec les quartiers populaires.
Il y a cinq ans, on parlait de lutter contre les contrôles au faciès, de rapprocher la police de la population, d’investir massivement dans les collèges et les lycées. Ce n’est pas l’échec qui désespère, mais que rien n’ait été fait. Ou si peu. Surtout quand les mots ont été si forts. Ces deux textes pour Théo L. et Adama Traoré sont un appel au réveil. Ils disent l’urgente demande d’intégration et d’égalité des droits, la rage de justice. Ils racontent le racisme et les contrôles d’identité quotidiens, les vexations, les fouilles trop poussées, les insultes, la peur des parents de voir leurs enfants tomber sur la mauvaise patrouille. Et le plus insupportable, l’impunité dont semblent jouir certains policiers, qui mène du tutoiement aux coups, du harcèlement au viol et, parfois, à la mort.
Ces deux tribunes, signées par des intellectuels, des artistes, des sportifs de tous horizons, sont un nouvel appel à remettre les choses dans le bon ordre, à lutter contre le sentiment qu’existerait un «deux poids, deux mesures» entre des puissants présumés innocents et des habitants des quartiers présumés coupables. On ne peut que se féliciter de ces revendications, de ces mains tendues, de la dignité des familles des victimes, et constater leur décalage avec les récupérations tardives et les invectives crasses.