Le tribunal de Bobigny a demandé ce lundi que les faits de violence pour lesquels un policier est poursuivi après une interpellation survenue en octobre 2015 soient requalifiés en viol et que le suspect soit jugé aux assises, dans un dossier présentant des similitudes avec l’affaire Théo. Ce policier municipal est poursuivi pour des violences sur Alexandre, désormais âgé de 29 ans, qu’il avait interpellé avec sa patrouille le 29 octobre 2015 en état d’ébriété.
Pour le contraindre à monter dans un véhicule, le fonctionnaire avait fait usage de sa matraque. Pendant sa garde à vue, le jeune homme s’était plaint de douleurs, affirmant qu’un policier lui avait introduit son bâton dans l’anus.
A l'hôpital, un médecin avait constaté une «plaie ouverte profonde de 1,5 cm» au niveau de l'anus et Alexandre s'était vu prescrire dix jours d'interruption totale de travail (ITT). «J'avais les mains menottées dans le dos. Je vois les sièges rabattus, je dis que je rentre pas dans la voiture, que je ne suis pas un chien. Quand j'ai la moitié du corps dans la voiture, je sens la pénétration de la matraque qui rentre dans mes fesses. C'était une douleur atroce, j'ai crié», a-t-il raconté à BFM TV.
Au terme de l'enquête, ce policier a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour «violence aggravée». Devant les enquêteurs, il avait expliqué que le bâton avait dérapé alors qu'il tentait de maîtriser l'homme qui se débattait.
Lors du procès, le 16 janvier, le procureur avait évoqué des «violences policières indéniables», requérant six mois avec sursis. Il avait en revanche estimé que le geste ne revêtait pas un «caractère sexuel».La défense du jeune homme voulait que les faits soient requalifiés. «Depuis le tout début, je regrette que le parquet ait tué toute forme de débat en décidant par avance que ça n'avait rien de sexuel», avait déclaré, au moment de l'audience, un des avocats d'Alexandre, Joseph Cohen-Sabban.
Le tribunal de Bobigny a ainsi accédé à leur demande en décidant d'un renvoi devant un juge d'instruction afin que le policier soit jugé devant les assises. «Les faits sont de nature à entraîner une requalification criminelle», a déclaré la présidente de la 14e chambre. Le policier va faire appel.
Cette affaire avait fait peu de bruit à l’époque. Mais le dossier a pris un nouvel écho avec l’affaire Théo, victime présumée d’un viol dans la commune presque voisine d’Aulnay-sous-Bois.