Menu
Libération
EDITORIAL

Confiance

Rassemblement contre les violences policières à Paris, le 18 février. (Photo Cyril Zannettacci pour Libération)
publié le 21 février 2017 à 20h06

Ce témoignage exclusif d’une nouvelle victime de violences policières à Aulnay-sous-Bois est intéressant à plus d’un titre. Il vient s’ajouter à une longue liste de récits du même genre publiés dans la presse ces derniers jours et qui en disent long sur l’état des relations entre les habitants de quartiers sensibles, comme on dit, et leur police. Et sur le niveau de violences utilisé par certains policiers, à Aulnay comme ailleurs. L’histoire de Djamel Dib relève aussi du symbole, et pas seulement parce qu’elle s’est produite trois jours avant celle de Théo L. et à proximité des lieux. Elle illustre les difficultés à saisir la justice afin de faire valoir ses droits fondamentaux, le parcours du combattant parfois ubuesque qu’il faut surmonter pour seulement porter plainte.

Sans l'affaire Théo L., il est probable que ce témoignage n'aurait jamais été connu, installant encore un peu plus le sentiment de fatalité dans ces quartiers face à l'impunité dont peuvent bénéficier les auteurs de ce type de violences. Tout cela dessine en creux le portrait global de fonctionnaires livrés à eux-mêmes avec, pour seule barrière, leur propre libre arbitre, leurs propres limites. Et de l'autre, le portrait d'habitants qui ont perdu confiance dans les institutions et qui ont peu de moyens pour faire face à des dérives potentielles. Car il ne peut y avoir de pouvoir sans contre-pouvoir. De confiance il est question dans la manière dont Libération a essayé de travailler sur Aulnay depuis les débuts de l'affaire Théo L. Nous avons voulu prendre le temps d'aller sur place, de revenir régulièrement, de gagner la confiance de nos interlocuteurs, d'attendre avant de publier certaines informations, de ne pas nous précipiter… Nous avons choisi de raconter ces coulisses afin de montrer un peu plus l'état de défiance dans lequel cette population demeure. Notre enquête est aussi le signe que ce lien n'est pas rompu.