Pendant la présidentielle, Libération sonde, chaque jour, des lieux de la «France invisible». Ce mercredi, les élèves du lycée professionnel Saint-Philippe de la fondation Apprentis d’Auteuil, à Meudon (Hauts-de-Seine).
Tiens, une nouvelle recrue devant la porte de la salle de cours. Voici Alex, 18 ans «tout juste». Il est en seconde professionnelle, en filière électrotechnique (Eleec), comme les autres élèves du groupe. Lui aussi prend sur son temps perso pour venir discuter, «ça [l']intéresse». Il a beaucoup de choses à dire, d'emblée à l'aise dans le débat. Signe qu'il ira aux urnes pour la présidentielle, contrairement à la plupart de ses camarades ? «Ah ça, voter, sûr que non, lâche-t-il. Que je vote blanc ou pas du tout, cela revient au même de toute façon.» Il trouve que tous les candidats se ressemblent. Macron, «le petit jeune» ; Fillon, «je comprends pas qu'il soit toujours là». Le nom du candidat du PS ne lui vient pas spontanément. On l'aide. «Ah oui, Hamon. J'en ai entendu parler, vite fait.» Alex parle surtout de Mélenchon, «le seul qui sait attirer un nouveau public, il est très présent sur YouTube. Il a des concepts novateurs : son hologramme, c'était une idée géniale, j'ai trouvé. A mon avis, s'il avait été plus "au milieu" [sur l'échiquier politique, ndlr], ça aurait pu marcher.» A l'inverse, il juge Marine Le Pen un peu à la ramasse de ce côté-là, «avec très peu d'abonnés sur YouTube, elle ne s'est pas tournée vers les jeunes». De la candidate d'extrême droite il dit encore qu'«elle ne regarde que ses chaussures. Et ne réfléchit pas aux conséquences de ce qu'elle dit». Samuel, juste débarqué après la récré : «Elle veut protéger son pays, mais elle s'y prend de la mauvaise manière. On est dans un pays mixte, avec différentes cultures. On peut devenir français tout en conservant sa façon de manger ou de s'habiller. Chacun fait ce qu'il veut, c'est ça, le… C'est quoi le mot déjà ?» Julien et Alex soufflent : «Laïcité.»
On leur demande ce qu'ils retiennent de l'actualité récente : «Théo, évidemment, répond Samuel. Les bavures policières, c'est pas nouveau. Y a plein de vidéos qui tournent sur Facebook, certaines datent mais elles ressortent toutes maintenant.» Alex : «Théo, il a littéralement été tabassé, puis violé, par des personnes qui sont censées nous protéger. La police des polices fait pas son boulot. Ces flics, ils devraient être traités comme des citoyens normaux.»