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Libération

A Nation, «justice pour Theo» et «RIP le DAB»

publié le 23 février 2017 à 20h06

Deux garçons manquent d'en venir aux mains : le premier, habillé comme un hippie, veut dégommer une voiture stationnée ; le second lui conseille de ne même pas y penser. «Ce n'est pas la voiture à ta mère !» Le break mauve s'en sortira sans égratignure. Son ange gardien en survêtement rabattra quand même les rétroviseurs par précaution. Vingt minutes avant, il faisait face aux forces de l'ordre et haranguait les autres pour qu'ils fassent du boucan, voire plus.

Jeudi matin, environ un millier de lycéens se sont rassemblés place de la Nation, à Paris, pour manifester en soutien à Théo, hospitalisé après une violente interpellation. Plus tôt, une trentaine de lycées de région parisienne avaient été perturbés par des blocus totaux ou partiels, après des appels à la mobilisation lancés sur les réseaux sociaux en début de semaine - dont on ne savait pas trop d'où ils émanaient. La préfecture de police avait prévu un communiqué : «Toute incitation ou participation à un attroupement non déclaré engage votre responsabilité morale et juridique.» Pas exactement : quand bien même la manif n'était pas déclarée, y prendre part ne constitue pas un délit.

Sur zone, on a vu de tout. Des lycéens qui vous parlent de Théo, des violences policières et de Rémi Fraisse (militant écologiste tué en 2014 par le tir de grenade offensive d'un gendarme). Et d'autres qui disent être là par curiosité ou pour s'opposer à l'institution policière dans son ensemble. D'où leur slogan : «Tout le monde déteste la police !»

La porte d'un immeuble a été taguée d'un «justice pour Théo», l'entrée d'une banque d'un «RIP le DAB» (le distributeur de billets a été cassé) et un Abribus d'un «à bas l'Etat, les flics et les patrons!» Sur Facebook, le Mili (Mouvement inter-luttes indépendant), un courant étudiant antifasciste, dément être à l'initiative de la mobilisation : «L'organisation des blocus contre les violences policières émane des lycéens. Nous n'avons fait que rédiger un appel pour donner une position sur ces blocus et le contenu qui nous paraît essentiel de produire dans cette lutte». Treize de ses membres avaient été interdits de manifester par la préfecture, qui parle d'une «structure informelle appartenant à la mouvance radicale». Quelques minutes après le début du rassemblement, des projectiles ont visé les forces de l'ordre, accusées d'avoir malmené des étudiants dans certains lycées bloqués. Et la police a chargé, balancé du gaz lacrymogène et interpellé une dizaine de manifestants.

A Paris et en petite couronne, 26 personnes ont été arrêtées en marge de la manif.