Chez les Verts, rien ne se passe comme prévu. Les tensions ne sont jamais bien loin : chaque mot compte. Jeudi soir, sur le plateau de France 2, Yannick Jadot a très vite balayé un point essentiel : pour être définitif, l'accord avec Hamon doit être validé par les électeurs de la primaire écologiste. Ils votent ce week-end. Du coup, la base n'a pas apprécié la prestation du futur «ex»-candidat à la présidentielle. Yannick Jadot a envoyé un mail dans la nuit de jeudi à vendredi aux cadres du parti. Il s'est excusé. Il a argué de sa fatigue, de la pression. Vendredi matin, sur RTL, il a rectifié le tir. Il a insisté sur le vote et le pouvoir des militants écolos.
Sauf que le doute rôde et il s’accompagne d’une autre interrogation. Yannick Jadot sera-t-il candidat aux prochaines législatives ? Il a répondu «non». Le député européen dit se plaire à Strasbourg et Bruxelles. Reste que dans l’accord signé avec les socialistes, il a droit à une circonscription s’il le souhaite… Si tel est le cas, il devra abandonner son poste de député européen. David Cormand, le secrétaire national d’Europe-Ecologie-les Verts, est un peu déçu. Pas par Yannick Jadot : tout roule entre les deux. Mais par le doute qui s’installe. Il le sait, la base est méfiante. Pour cause, ces dernières années, le spectacle proposé par les dirigeants du parti n’a pas souvent été à la hauteur.
«Yannick n’a pas oublié les militants»
David Cormand dit : «En fait, la journée d'hier [jeudi] était très bien et 20 h 12 est arrivée.» L'heure de la déclaration de Yannick Jadot. Le chef des Verts argumente : «Yannick n'a pas oublié les militants, c'est juste qu'on a passé une journée folle – ces derniers jours il dort trois heures par nuit – et qu'on n'a pas eu le temps de préparer le 20 heures.» Et sur la circonscription ? Selon lui, Yannick Jadot n'a jamais rien demandé. Il ajoute : «Après, si la question est de savoir si l'écologie a besoin de Yannick Jadot à l'Assemblée nationale, la réponse est oui. Il connaît ses sujets et c'est un leader.»
Résultat : le vote se déroule dans une atmosphère un peu étrange. Pas de grosse inquiétude sur le score – même si tout est possible chez les écolos –, mais pas de grosse ambiance. La direction du parti met en avant l'accord : la proportionnelle, la sortie «progressive et intégrale du nucléaire, avec objectif d'y parvenir à l'horizon d'une génération», l'étude «dans le respect du légitime développement urbain de Nantes, de toutes les alternatives au projet de Notre-Dame-des-Landes, dont le site actuel sera abandonné». David Cormand comprend les quelques réactions négatives mais il trouve ça «dommage car l'accord est bon, il est propre.»