Quand la convention liant Euro Disney SAS et l'Etat français a été signée en 1987, il n'a manqué aucune criaillerie pour dénoncer le prolongement du RER, la gare TGV, la cession des terrains à bon prix, bref, le tapis rouge déroulé aux Américains. Trente ans plus tard, et vingt-cinq ans après l'ouverture du parc, Yannick Imbert, le secrétaire général de la région Ile-de-France a dessiné ce vendredi le tableau d'un «rapport gagnant-gagnant». Loin d'avoir accordé à Mickey des privilèges indus, «l'Etat a essayé de jouer pleinement son rôle de facilitateur».
Au vu des résultats, c’était malin. Première destination touristique européenne avec 14 millions de visiteurs par an, le parc a apporté, en vingt-cinq ans, 68 milliards d’euros de valeur ajoutée à l’économie française, selon une étude que mène la société Setec tous les cinq ans pour les pouvoirs publics. Ses visiteurs assurent 6,2 % des recettes touristiques du pays et dépensent davantage que la moyenne des visiteurs en général. Le site compte 15 000 emplois, dont 85 % en CDI, avec des spécialisations inattendues comme «sculpteur de légumes». Au total, Disneyland Paris génère 56 000 emplois en comptant les indirects.
L'investissement global de 7,9 milliards d'euros a été assumé à 91 % par le privé. Pour 9 % de l'addition, soit un prolongement de RER, une gare TGV et quelques avantages, l'économie française a récolté 100 euros pour chaque euro public investi. Au-delà «des étoiles dans les yeux des enfants», comme dit Nicolas Ferrand, le directeur de l'établissement public Epafrance, c'est une bonne affaire.
Paradoxalement, la vie de l’entreprise elle-même n’a rien eu d’un conte de fées. Entre les royalties réclamées par la maison mère Walt Disney Company, trop élevées par rapport à la marge dégagée, les petits actionnaires rincés par la première mise en Bourse, les années d’exploitation déficitaires et les prêts de sauvetage accordés par la Caisse des dépôts, la chronique financière d’Euro Disney SAS semble avoir été écrite par la fée Carabosse. Le pays d’accueil, lui, n’aura connu que les bonnes fées.