Selon son éditeur, les Editions des Béatitudes, c'est «un document à répandre sans modération dans les familles, les paroisses, les groupes de jeunes, les collèges et lycées». Ce dernier point a visiblement été entendu dans au moins un lycée privé sous contrat de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) : un de ses élèves, qui veut rester anonyme, a rapporté sur Twitter que Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle, écrit en 2006 par le père Jean-Benoît Casterman, a été distribué dans son établissement, dans le cadre de «séances de formation humaine et spirituelle» relevant de la catéchèse.
Or qu'apprend-on dans cet ouvrage ? Notamment que «l'homosexualité résulte surtout d'une évolution psychique marquée par l'influence excessive du père ou de la mère dans l'enfance». Mais aussi que «les personnes homosexuelles méritent toute notre considération» car «personne ne choisit une tendance homosexuelle». Puis le livre liste des conseils à destination des adolescents qui se découvriraient une «tendance homo» : ne pas se définir ainsi, ne pas passer à l'acte et en parler aux autres, voire à Dieu si l'on est croyant - l'auteur laisse donc généreusement la possibilité de ne pas l'être.
Dans un autre tweet, le lycéen montre des extraits consacrés à l'avortement, où les filles sont encouragées à «choisir la vie»et, bien sûr, à s'abstenir.
Une recherche sur Internet permet de préciser le pedigree de Jean-Benoît Casterman. Ce qui ressort en premier lieu, c'est la page «auteur» du prêtre sur le site d'extrême droite Riposte laïque, où il a notamment produit un article liant «théorie du genre» et «islamisation».
Selon le lycéen qui a tweeté vendredi, la diffusion de ce document dans son établissement a choqué de nombreux élèves, parents et professeurs, qui se sont mobilisés, obtenant que le lycée s'excuse publiquement et qu'il mette fin à la distribution. Dans un communiqué publié samedi, le directeur de l'établissement a effectivement présenté «ses plus vifs regrets», en expliquant que l'équipe pastorale du lycée et lui-même n'avaient «pas pris le temps nécessaire pour examiner attentivement ce document dont les contenus ne reflètent en rien la réflexion que nous voulons conduire avec nos élèves».
L'affaire en rappelle une autre : en septembre, dans un lycée privé sous contrat, des élèves avaient découvert sur un présentoir un manuel anti-IVG de la Fondation Jérôme-Lejeune. La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, s'était élevée contre des «falsifications».