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Libération
Fait divers

A Nantes, le mystère reste entier autour de la disparition de la famille Troadec

Pour l'instant, les enquêteurs ne privilégient aucune piste et recherchent activement la voiture du fils.
La porte de la maison de la famille disparue. (Photo Jean-Sébastien Evrard. AFP)
publié le 28 février 2017 à 18h39

A Nantes, deux juges d’instruction planchent désormais sur la mystérieuse disparition de la famille Troadec. Une information judiciaire contre X pour «homicides volontaires», «enlèvements » et «séquestrations» leur a en effet été confiée lundi, trois jours après l’ouverture d’une enquête criminelle par le parquet de Nantes.

Les enquêteurs de la police judiciaire ont déjà pu reconstituer une partie du puzzle : de «nombreuses taches de sang, dont certaines ont été essuyées», de tous les membres de la famille (à l'exception de la fille), ont ainsi été retrouvées à l'étage, dans l'escalier et au rez-de-chaussée de la maison familiale du Petit-Chantilly, un quartier calme d'Orvault (Loire-Atlantique), en périphérie immédiate de Nantes. Le départ de la famille ne semblait pas prémédité : de la vaisselle se trouvait toujours dans l'évier de la cuisine, tandis que le frigo était rempli de nourriture. Les draps sur les lits avaient par ailleurs été enlevés, ont constaté les policiers, et il n'y avait plus de brosses à dents dans la salle de bains.

«Si le contexte de violences graves […] semble désormais établi, en revanche les circonstances entourant la commission des faits demeurent indéterminées, insiste le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. Elles ne permettent pas de savoir si nous avons affaire à un drame familial ou à l'intervention d'une ou plusieurs personnes étrangères à la famille. En l'état des investigations, il est prématuré de désigner nominativement des personnes qui pourraient être considérées comme suspectes.»

Institution catholique

Les téléphones portables, pour leur part, sont muets depuis le 17 février. La veille, Brigitte Troadec et sa fille Charlotte, 18 ans, avaient signalé l'utilisation frauduleuse de la carte bancaire de la jeune fille, qui aurait servi «pour payer des jeux vidéo» selon Ouest-France. Les deux voitures du couple étaient quant à elles toujours garées sur place, seule manque celle du fils. Agé de 21 ans, ce dernier était étudiant en deuxième année de BTS Systèmes numériques au collège-lycée Saint-Gabriel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), une institution catholique renommée dans la région pour sa «tradition d'excellence scolaire», comme le vante son site internet.

L'homme suspecté de l'autre «tuerie de Nantes», Xavier Dupont de Ligonnès, y scolarisait d'ailleurs l'un de ses fils au moment du quintuple meurtre de son épouse et de ses quatre enfants, en 2011… Une «cellule de crise» a d'ailleurs été mise en place lundi à «Saint-Gab'», en ce jour de rentrée, après les vacances scolaires. «Nous avons notamment insisté auprès des collégiens et lycéens sur la nécessaire maîtrise de leur communication auprès de la presse et sur les réseaux sociaux», dit le communiqué de presse de la direction.

Réseau social

Certains internautes se sont jetés sur le compte Twitter du fils Sébastien Troadec. Sous pseudo, il laissait parfois transpirer son mal-être adolescent. «On arette (sic) d'avoir peur du monstre en dessous du lit lorsqu'on comprend que ce sont nous les monstres», dit sa bio. Le soi-disant «monstre» était pourtant un garçon «profondément gentil»«respectueux» et «attachant», témoigne Juliette, une de ses amies sur le réseau social.

Il a pourtant été mis en cause en novembre 2013 dans une affaire de «menaces d'atteintes aux personnes» ; il avait alors fait l'objet d'une procédure de réparation pénale, qui a été exécutée «sans incident», selon le procureur de la République de Nantes. Sur le forum jeuxvideo.com, des internautes ont voulu en savoir plus sur lui, en hackant son profil. «Inacceptable» pour les modérateurs, qui ont fait le ménage parmi les posts. «Sachez que ce forum, c'est pas le FBI et que, à vouloir aller trop loin, ça peut retarder la vraie enquête», ont-ils rappelé.