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«Je sais pas si un président peut changer les cours d’anglais»

publié le 28 février 2017 à 19h06

Pendant la présidentielle, Libération sonde, chaque jour, des lieux de la «France invisible». Ce mercredi, les élèves du lycée professionnel Saint-Philippe de la fondation Apprentis d’Auteuil, à Meudon (Hauts-de-Seine).

Il pleut comme à Gravelotte, pile à l'heure de la récré. Les élèves sont coincés dans «le château», ce bâtiment en haut d'une colline qui abrite le lycée professionnel. Ils ne sont pas nombreux aujourd'hui : la plupart sont en stage en entreprise. Il y a Julien, un peu timide, et Sam, plus à l'aise. L'un et l'autre sont en première Eleec, et aimeraient bien après leur bac (ou peut-être le BTS) intégrer la Marine. Ils vont partir en stage à la base de Toulon dans quinze jours, pour se faire une idée du métier. On avait envie de parler avec eux du vote. «Quand même, c'est important», dit Julien qui ne se montre guère motivé. On lui retourne donc la question : «A quoi ressemblerait votre candidat idéal ?» Sam nous ramène sur terre : «N'importe quelle personne fera des trucs bien, et des trucs pas bien. Cela ne peut pas être autrement. Le candidat parfait n'existe pas.» Bon, le candidat presque parfait alors ? «Déjà, première des choses : la carrure. Physiquement, même si cela ne fait pas tout, et aussi dans la façon de s'exprimer. Emmanuel Macron sait parler par exemple, j'ai vu des vidéos où il retourne la salle. Fillon, il a un peu la carrure, mais les idées, ça va pas du tout. Mélenchon, c'est l'inverse.» Pour Sam et Julien, il y a un point qui fait défaut à tous : «Des promesses réalistes ! On voudrait un candidat qui fasse vraiment ce qu'il dit. J'ai entendu je-sais-plus-qui proposer de donner à tout le monde 700 euros par mois [Benoît Hamon, ndlr].» Sam fait une drôle de tête, façon de signifier : «le pompon de l'idée la plus farfelue». Il parle ensuite spontanément d'environnement. «On voit parfois un gros nuage noir au-dessus de Paris, il faut faire quelque chose. Un chercheur a trouvé un moyen de faire rouler les voitures à l'eau. Pourquoi ne pas essayer ?» Il s'inquiète aussi des nanoparticules à l'origine «de plein de maladies et que l'on trouve dans l'alimentation». Il a vu un reportage la veille à la télé. Il marque un temps de réflexion. «Je sais pas si un président peut agir sur ça, mais un truc qu'il faudrait vraiment changer, c'est les cours d'anglais. J'ai beau en suivre depuis que je suis en CE2 et avoir 18 de moyenne, je sais dire deux mots…» Julien fait trois fois oui de la tête.