Une réunion qui aura duré près de deux heures, pour se solder par une décision en demi-teinte dans la plus grande tradition centriste. L'UDI a décidé de «suspendre» sa participation à la campagne du candidat LR. Pas de soutien clairement réaffirmé, mais pas une prise de distance nette et définitive non plus. Après la décision de François Fillon de maintenir sa candidature à la présidentielle malgré sa mise en examen annoncée, l'UDI, la formation du centre présidée par le député-maire de Drancy (93) Jean-Christophe Lagarde, s'est réunie en urgence à l'Assemblée nationale pour examiner cette nouvelle donne. Les centristes étaient d'autant plus embarrassés par la tournure des événements qu'ils devaient annoncer le matin même être parvenu à un accord avec leurs alliés du parti Les Républicains sur certains points du programme de François Fillon mais surtout sur le plan électoral. Au terme d'âpres discussions, l'UDI s'était vu réserver une soixantaine de circonscriptions et obtenu sans aucune difficulté la reconduction de ses 28 députés sortants. Un accord qui a pris pas mal de plomb dans l'aile en une matinée.
A lire aussi :Le compteur des lâcheurs de Fillon
Au sein de l'UDI, assemblage assez mal soudé des différentes chapelles de la galaxie centriste, deux tendances s'affrontent. Ceux qui sont pour rompre les ponts clairement, sans aucune ambiguïté, avec le candidat de la droite ; et ceux qui font valoir l'absence de tout plan B pour l'UDI. Même si une partie des électeurs centristes s'est déjà tournée vers Macron, les ralliements de cadres se sont faits plus rares. «Rejoindre la candidature Macron maintenant, c'est un peu tard, et en plus cela ferait totalement éclater l'UDI», constate un élu centriste. «Nous ne disposons d'aucune alternative. On laisse choir Fillon… OK ! Mais après on fait quoi ? On se contente de regarder se dérouler la campagne puisque nous n'avons pas de candidat», résume un des membres de la direction de l'UDI. Mais difficile également pour Jean-Christophe Lagarde de maintenir ses troupes à bord «de ce qui ressemble de plus en plus à un Titanic», selon un député UDI, pas volontaire «pour couler avec le navire». «En fait nous avons décidé de mettre les chaloupes à la mer et d'y embarquer. Sans rester trop près du navire pour éviter d'être entraîné dans les remous en cas de naufrage. Mais pas trop loin non plus pour rester dans le sillage».
Jean-Christophe Lagarde a d'ores et déjà annoncé qu'il réunirait la semaine prochaine la direction de l'UDI afin de «prendre une décision collective sur un soutien à la candidature de François Fillon». Une semaine de délai pour histoire de voir comment les choses vont tourner pour le candidat LR. Sept petites journées pour éviter également que la tourmente Fillon n'en vienne à disloquer l'UDI.