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Libération
2017

Hamon ou Macron, les ministres en pleine hésitation

Aucun membre du gouvernement ne s’est encore rapproché de Macron, mais beaucoup s’interrogent sur le candidat à soutenir.
publié le 2 mars 2017 à 20h46

Légitimistes, toujours. Mais officiellement mal à l'aise désormais. Si Benoît Hamon reste le candidat officiel des ministres orphelins d'une candidature Hollande, les voilà tout de même «en position d'attente assumée», dixit un conseiller, s'interrogeant à haute voix sur la pertinence d'un «vote utile» en faveur d'Emmanuel Macron.

Lundi soir, ils étaient une bonne trentaine de socialistes dits loyalistes réunis au ministère de l'Agriculture autour de Stéphane Le Foll. Plusieurs membres du gouvernement - Patrick Kanner (Jeunesse, Ville et Sports), Myriam El Khomri (Travail), Estelle Grelier (Collectivités), Martine Pinville (Commerce, Artisanat, Consommation), André Vallini (Relations avec le Parlement), Clotilde Valter (Formation professionnelle) - ont pris la parole pour faire le même constat : la campagne Hamon ne leur convient pas, mais pas question de filer chez Macron «et encore moins un par un».

Pour un pilier du gouvernement, entre Hamon et Macron, «on a le choix entre un type bien avec un programme de dingue et un type dingue avec un programme bien. Mais si on les marie on risquerait d'avoir un type dingue avec un programme de dingue». «Le ni droite ni gauche, c'est inacceptable, tonne un ministre. Moi, je suis de gauche, même si je ne me retrouve pas dans le programme de Hamon.» L'amertume est partagée par d'autres ministres comme Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères), Michel Sapin (Economie et Finances), Christian Eckert (Budget), Marisol Touraine (Affaires sociales), Bruno Le Roux (Intérieur), Harlem Désir (Affaires européennes) ou Jean-Marc Todeschini (Anciens combattants). Tout comme ceux estampillés «vallsistes» conviés mardi autour de l'ex-Premier ministre pour un déjeuner, tels Jean-Jacques Urvoas (Justice), Pascale Boistard (Personnes âgées) ou Ségolène Neuville (Handicapés). «Si vous avez une autre perspective que le duel Fillon-Le Pen au deuxième tour, ça mérite au moins une réflexion, reconnaît une ministre. Il ne peut pas être question de tuer la vieille maison socialiste mais peut-être faudra-t-il en passer par la fragilisation du candidat. C'est la première fois qu'on se demande si le vote utile est socialiste.»

Les ministres radicaux de gauche - Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire), Annick Girardin (Fonction publique), Thierry Braillard (Sports) - ont décidé de «reporter» leur soutien à Hamon quand une partie de leurs parlementaires roule déjà pour Macron. Aucun membre du gouvernement n'a pris le risque de soutenir ouvertement celui qu'ils jugent «trop libéral» et qu'ils tiennent pour responsable de l'empêchement de Hollande. Cela en démange pourtant certains, dont Jean-Marie Le Guen (Développement et Francophonie) qui voit ses copains du «pôle réformiste» partir un à un chez l'ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée. Même ceux, comme Ségolène Royal ou Jean-Yves Le Drian, dont le soutien à Macron ne serait pas une surprise, restent muets. Pour l'instant.