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Libération
À la barre

Procès du 36 : le flic et son indic se renvoient la balle

Le procès du vol des 52 kilos de coke du «36» a repris aujourd'hui, après la suspension de l'audience hier. Jonathan Guyot, le policier et son ancien indic Farid Kharraki, alias «Robert», se pointent mutuellement du doigt.
Le 36, quai des Orfèvres, où 52 kg de cocaïne avaient été volés en juillet 2014. (Photo Patrick Kovarik. AFP)
publié le 9 mars 2017 à 19h43

Nouvelles révélations au procès du vol des 52 kilos de coke du «36», décidément riche en rebondissements. Au lendemain de ses premiers aveux sur son rôle dans l'écoulement de la drogue, Farid Kharraki, alias «Robert», a continué à charger méthodiquement Jonathan Guyot, l'ex-flic des stups accusé d'être à l'origine du vol. Plus calme que la veille, l'informateur a livré des détails inédits sur le deal.

Cette nuit-là, ce n'est pas Guyot qui aurait apporté la coke, comme semble le démontrer l'enquête, mais deux autres personnes, explique calmement Robert. Selon lui, elle aurait été alors revendue 25 000 euros le kilo, bien en dessous du prix du marché. Une transaction supérieure à un million d'euros sur laquelle Robert aurait touché 200 000 euros. «Je suis le client dans cette affaire, insiste-t-il. C'est les policiers du 36 qui saisissent la drogue, qui la mettent sous scellés puis qui la revendent.» Regards entendus des avocats. «Donc Jonathan Guyot n'a pas agi seul ?» interroge le président du tribunal. «Demandez à l'IGPN, ils sont assis au fond de la salle.» Sur le dernier banc, deux hommes en chemise bleu affichent un sourire embarrassé.

«Je vais vous faire une révélation»

Quant à Jonathan Guyot, concentré dans le box, il enregistre chaque mot, scrute le moindre geste de son ancien indic. «Comment peut-on accorder la moindre crédibilité à ces conneries ?, lâche-t-il quand le tribunal lui donne enfin la parole. Ça me met hors de moi, cette histoire est inventée de toutes pièces.» Robert ? Un indic qui chercherait à se faire passer pour un «trafiquant en cheville avec des flics» dans le seul but d'assurer sa sécurité. Guyot n'a d'ailleurs pas tout dit non plus. «Moi aussi je vais vous faire une révélation, lance-t-il au tribunal. L'argent, c'était celui de Farid Kharraki.» Jusqu'ici, le policier avait toujours affirmé que les liasses retrouvées sur lui et lors des perquisition appartenaient à un de ses tontons, dont il n'avait jamais révélé l'identité. C'est désormais chose faite. En attendant le prochain épisode.