Il était directeur artistique, l’un des meilleurs à ce poste peu connu du public et pourtant décisif. Il avait choisi, lui, l’homme de l’extrême gauche qui gardait de sa jeunesse ses idées d’égalité, de travailler au
Figaro Magazine,
faisant passer son amour du métier avant ses préférences politiques. L’hebdo très visuel devait beaucoup à Joseph Maggiori, une rigueur dans la mise en forme, une exigence dans le choix des images, sans lesquelles les mots des journaux passent inaperçus. Comme
l’Express
ou
l’Expansion,
où il avait aussi travaillé.
En dépit des divergences, il avait tissé avec les équipes du magazine des liens d'amitié qui l'emportaient sur les dissensions. «Il disait que la gauche avait oublié le peuple, écrit dans son hommage Alexis Brézet, directeur du Figaro, et que la droite ne s'en était jamais vraiment souciée.» De son pays natal, les Marches, au centre de l'Italie, région de collines et de mer, il avait gardé la rugosité et le culte de l'amitié. «Il avait la nuque raide et se tenait droit», écrit encore Brézet. Sa lutte opiniâtre et digne contre la maladie et la souffrance, si besoin en était, en ont apporté la preuve. A sa famille, à son frère Robert, philosophe et journaliste à Libération, et à son autre frère Claude, qui fut longtemps directeur artistique de notre journal, ainsi qu'à toute sa famille, nous adressons nos sentiments les plus solidaires.
(Photo DR)