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Libération
Procès

Vol de coke au «36» : dix ans requis contre Jonathan Guyot

Le parquet a réclamé une sanction exemplaire contre l'ancien policier, qui continue à nier les faits
Farid Kharraki (à droite) et l'ancien policier Jonathan Guyot (à gauche) lors de leur procès, au tribunal correctionnel de Paris, le 8 mars 2017. Photo Benoit Peyrucq. AFP (AFP)
publié le 15 mars 2017 à 21h54

La peine maximale. En requérant dix ans de prison à l'encontre de Jonathan Guyot, le principal suspect dans le procès du vol des 52 kilos de cocaïne au «36», le parquet a voulu frapper un grand coup. Une sanction exemplaire, à l'image de la «déflagration» provoquée par l'affaire à l'été 2014.

Dans ce dossier qualifié successivement de «protéiforme», «fou», «hors-normes» par les deux procureures Annabelle Philippe et Aglaë Fradois, tout accable Guyot, qui persiste pourtant à «nier les faits, à nier la réalité». Dénonçant ses «inépties», ses «manigances irrationnelles» et ses «manoeuvres», le parquet étrille une défense «extravagante», d'abord «délirante et complotiste», avant de devenir, face à ses propres contradictions, «procédurière et éminemment factice». Au cours de l'enquête, l'ex-flic des Stups s'était déjà attaché à «détruire toutes les preuves», sollicitant sa femme et ses amis pour transmettre des message et se constituer des alibis. «Il nous a pollué avec toutes ses interventions, tacle la procureure. Il a tellement menti. Comment peut-on arriver à ce degré de grotesque ?»

Pas de doute sur sa culpabilité

Dans le box, comme depuis le début du procès, Guyot est sur le qui-vive, prenant nerveusement des notes, jetant des regards furtifs dans la salle, et maugréant à voix basse pour marquer sa désapprobation à chaque nouvelle charge. Il lève les yeux au ciel, puis se prend la tête dans les mains. Mais aux yeux du parquet, sa culpabilité ne fait plus l'ombre d'un doute. «L'affaire est dans le sac», répète à plusieurs reprises la procureure avant de filer la métaphore. Les sacs cabas qui servent à sortir la coke du «36», le sac à dos de Guyot dans lequel les policiers découvrent 16 000 euros en liquide et une comptabilité occulte lors de son interpellation, les sacs d'argent qu'il planque chez ses amis, sous l'évier et sous les plantes vertes.

A la «froideur» et au «cynisme» de Guyot, le parquet oppose l'«humanité» dont ont fait preuve les autres prévenus à la barre, en particulier son épouse, son jeune frère, et ses deux amis d'enfance, mêlés malgré eux à l'affaire et qui bénéficient donc d'une relative clémence. Trois mois avec sursis demandés. Une peine bien plus lourde, cinq ans, est requise à l'encontre de Farid Kharraki, alias «Robert», qui a admis à l'audience avoir mis en contact Jonathan Guyot avec d'autres trafiquants afin d'écouler la drogue. Ses aveux fracassants ont renversé les rôles, selon le parquet, faisant voler en éclat cette «relation traitant/tonton» sur laquelle Jonathan Guyot s'appuyait. «Je me suis brûlé les ailes, avait fini par admettre ce dernier au tribunal. J'ai fait du grand flic». Pour le parquet, au contraire, Guyot n'a pas fait du grand flic, il a fait du «grand trafiquant». Jugement rendu vendredi.