Menu
Libération
Sécurité

Attaque à Grasse : «Ne pas transformer les écoles en bunkers»

Au lendemain de la fusillade au lycée Toqueville, Eric Ciotti, comme Laurent Wauquiez il y a un an, a demandé un renforcement de la sécurité au sein des établissements scolaires. Les professionnels sont sceptiques.
Cordon de police autour du lycée Tocqueville le 16 mars à Grasse, dans le sud de la France. (Photo Valery Hache. AFP)
publié le 17 mars 2017 à 17h08

Faut-il renforcer la sécurité dans les établissements scolaires ? La question n'a pas manqué d'être reposée après l'intrusion d'un élève armé dans son lycée de Grasse (Alpes-Maritimes), jeudi. L'adolescent, qui a blessé légèrement plusieurs personnes, a ensuite été interpellé. Au lendemain de cette attaque, le président du conseil départemental, Eric Ciotti (Les Républicains), a appelé à «changer de cadre», jugeant que «la sécurité doit être une priorité».

Ce n'est pas la première fois qu'un responsable politique de droite s'engage sur cette thématique. Il y a un an, Laurent Wauquiez, surfant sur l'émotion déclenchée par les attentats de novembre 2015, proposait en pleine campagne des régionales d'équiper tous les lycées de l'entité Auvergne-Rhône-Alpes de «portiques de sécurité». Une promesse qui ne s'est pas encore concrétisée, et qui suscite la méfiance du corps éducatif.

Comment les établissements se sont-ils adaptés ?

Les attentats jihadistes commis en France depuis 2015, ainsi que les menaces de l'Etat islamique ciblant spécifiquement les établissements scolaires, ont permis le développement d'une culture de «gestion des risques» au sein des 64 000 écoles, collèges ou lycées du pays. Formation des cadres et des personnels de l'Education nationale, mise en place d'un processus d'alerte, formation aux gestes de premiers secours des élèves de troisième… de nombreuses initiatives ont été lancées. Trois exercices annuels, dont l'un simulant une intrusion en vue d'un attentat, doivent aussi avoir lieu dans chaque établissement.

Les portiques, une solution réaliste ?

Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN), n'est «pas convaincu» par ce dispositif vanté par Laurent Wauquiez. Aujourd'hui, dans la majorité des cas, on se contente de vérifier que les personnes entrant dans les établissements y sont bien élèves ou salariés. Mettre en place des portillons, comme dans le métro, ne changerait guère la donne dans l'hypothèse d'une attaque commise par un habitué des lieux, comme à Grasse jeudi. Quant aux portiques détecteurs de métaux, outre leur prix prohibitif (100 000 à 200 000 euros pièce), ils risqueraient de créer de gigantesques attroupements devant les établissements, un remède pire que le mal. «Il faudrait faire venir les élèves une heure à l'avance pour faire entrer tout le monde», explique le syndicaliste.

Quelles autres solutions ?

Philippe Tournier rappelle d'abord que la première cause de décès des élèves reste les accidents entre le domicile et l'école. «On ne peut pas se prémunir de tout sans arrêt», juge-il. Même sentiment pour Francette Popineau, porte-parole du Snuipp, le principal syndicat du primaire : «On ne veut pas que les écoles soient transformées en bunkers. La fermeture complète des établissements est impossible.» Un sujet reste toutefois à travailler, selon Philippe Tournier : la formation, voire le recrutement de personnels de sécurité dédiés, une mission aujourd'hui remplie par des membres du corps éducatif… avec les moyens du bord.