Plus qu’une déception, un aveu d’impuissance. Ce n’est pas encore cette fois, en effet, que les malades vont entrer au collège de la Haute Autorité de santé (HAS). C’était pourtant le souhait affiché du législateur lorsqu’il a créé cette structure en 2004.
Depuis douze ans, les autorités sanitaires sont, de fait, hors-la-loi. A l’occasion du renouvellement des membres du collège qui dirige la HAS, et avec la réforme de la gouvernance, la ministre de la Santé assurait que cette absence d’usager serait enfin comblée. Mais avec le jeu compliqué des nominations – 3 sont le fait des présidents du Sénat, de l'Assemblée nationale et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) –, elle n’a pas réussi à imposer ses choix. Exit, donc, les usagers. Les grincheux se consoleront en notant qu’il y a enfin parité entre hommes et femmes.
La professeure Agnès Buzyn reste donc présidente. Autour d’elle vont siéger la professeure Elisabeth Bouvet, infectiologue, Christian Thuillez, pharmacologue, l’économiste de la santé Gérard de Pouvourville, la présidente de l’ordre des pharmaciens Isabelle Adenot, l’actuelle directrice de l’offre des soins au ministère, Anne-Marie Armanteras de Saxcé, et Cédric Grouchka, ancien conseiller santé de Francois Fillon à Matignon, le seul rescapé de l’équipe précédente.
Une équipe pour le moins disparate, sans personnalité de premier plan. La HAS a pourtant vocation à être le pivot des choix de santé. Autorité indépendante, elle est censée fixer les grandes recommandations en matière de santé et de prise en charge clinique. Elle peut donc avoir un rôle décisif si elle sait occuper la sphère publique. «L'important, insistait sa présidente, c'est la collégialité, et que les membres du collège jouent collectif.» On peut tenter de se rassurer en espérant que, cette fois-ci, ce soit le cas.