Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Censé marquer les esprits juste avant que lui ne disparaisse derrière la campagne présidentielle officielle, le grand discours «testament et perspectives» de François Hollande est passé totalement sous les radars médiatiques ce week-end. Son déplacement aux petits oignons, contenant bain de foule et meeting rassérénant, a été balayé par l’alerte terroriste, samedi matin à Orly. Du coup, mercredi, François Hollande s’adresse de nouveau aux Français, via une tribune sur Facebook, relayée sur Twitter juste après le conseil des ministres et présentant sous un jour positif les décisions prises pendant ce quinquennat compliqué qui s’achève.
Croissance, chômage, éducation, nouveaux droits, résistance face aux terrorismes: tout y passe à nouveau, comme samedi à Crolles où le président a estimé que le pays était «plus soudé, plus digne et plus cohérent qu'en 2012». «Puisque peu le disent, je vais le faire à leur place», ajoutait-il, oscillant entre acidité et provocation. «Aujourd'hui, la France est plus forte qu'il y a cinq ans», assure mercredi le chef de l'Etat non-candidat, livrant ses derniers conseils aux Français qui s'apprêtent à lui choisir un successeur. La France a toujours «souverainement tracé son chemin. Ayons confiance en elle. Ne doutons pas d'elle. Faisons en sorte qu'elle continue à se projeter avec ambition dans le monde et vers l'avenir à partir du socle que nous avons su bâtir depuis cinq ans», conclut Hollande.
Pour joindre le geste à la parole présidentielle et (espérer) faire passer le bilan à la postérité, un épais livret intitulé «Un quinquennat pour la France et les Français» a été compilé par l'Elysée. Quadrichromie, photos de Hollande, foules tout sourire, slogans et mesures en gras: le tout ressemble à s'y méprendre aux programmes imprimés par les candidats à l'Elysée et distribués sur les marchés printaniers. «En regardant tout ça, s'émeut Stéphane Le Foll après le conseil des ministres, feuilletant le livret en soupirant. Je me disais que ça faisait un beau projet. Mais en fait non! Tout ça a déjà été fait.»
Celui qui pour l'instant tient les troupes hollandaises soudées ne fait même pas mine de lutter contre son amertume devant la campagne en cours, renvoyant Benoît Hamon et Emmanuel Macron dos-à-dos. «Ce n'est pas que le bilan n'est pas défendu c'est qu'il n'est même pas évoqué […] Comme si on n'avait pas gouverné pendant cinq ans, comme si on n'avait rien fait: ça me pose quand même un problème.»