L’un dit n’avoir aucun souvenir de cette nuit de furie raciste et avinée, l’autre prétend avoir voulu s’interposer entre les protagonistes des rixes. C’était le 22 novembre dans le centre d’Angers (Maine-et-Loire). Un groupe d’une quinzaine d’amis liés à Génération identitaire tabasse trois personnes, mêle chants racistes et saluts hitlériens, puis fait le coup de poing contre des policiers de la BAC. Trois sont arrêtés. Les deux majeurs, François-Aubert Gannat, 20 ans, et Marc-Henri Picard, 39 ans, étaient entendus mercredi.
Le premier n'admet que le coup de poing à un policier. «Je ne suis pas forcément identitaire», marmonne-t-il par ailleurs. Pas forcément ? «J'ai bien fait trois ou quatre trucs, un cours de boxe, des maraudes pour les SDF.» Le président du tribunal veut comprendre comment se définissent ces «identitaires». Gannat hésite : «Euh… c'est pour la protection de l'identité française. Et pour les plus démunis…» Et «si les démunis n'ont pas l'identité française ?» poursuit le juge. «Ben, c'est pareil», lâche Gannat qui voudrait qu'on parle d'autre chose. On parlera de son CAP de menuiserie, mais pas de son père, élu FN à la région Pays-de-la-Loire.
Marc-Henri Picard, ancien dircom de la mairie de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), se dit aujourd'hui écrivain. Maniaco-dépressif suivi par un psychiatre, il vit de son allocation d'invalidité. De cette soirée, il n'a que des souvenirs flous. «Ce soir-là, j'ai décidé de ne pas prendre mes médicaments. J'ai suivi le troupeau.» Pas très mouton quand même, il glisse une matraque dans sa poche. «J'ai déjà été agressé, c'est pour me protéger.» En garde à vue, il traite les policiers de «connards, bons à rien, pauvres petites merdes», use d'une injure homophobe et tente d'étrangler un gardien. Explication : «J'étais hors de moi.»La procureure requiert dix mois de prison avec sursis et 175 heures de travaux d'intérêt général contre Gannat, dix mois avec sursis contre Picard. Délibéré le 3 mai.