La fin d’un conflit vieux de cinquante ans ? L’organisation a fourni ce samedi une première liste faisant état de 12 caches d’armes et d’explosifs, ramenée ensuite à huit. Elles constitueraient ce qu’il reste de l’arsenal d’ETA et sont situées dans le département des Pyrénées-Atlantiques, frontalier de l’Espagne, indique-t-on de sources proches du dossier.
Des «dizaines d’armes» et «plusieurs centaines de kg d’explosifs» ont déjà été découverts, annonce le parquet de Paris.
Dans un courrier publié jeudi 6 avril peu avant minuit par la BBC et plusieurs médias basques l'organisation séparatiste basque Euskadi Ta Askatasuna (ETA, «Pays basque et liberté» en basque) a annoncé la remise totale de son arsenal à la justice, samedi 8 avril à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce désarmement est organisé sous l'égide des «artisans de la paix», un collectif d'élus LR, PS, UDI, d'écologistes basques et de militants associatifs issus de la société civile basque.
Plusieurs centaines d’armes et d’explosifs
C’est le dernier acte d’un processus initié par ETA avec l’abandon définitif de la lutte armée annoncée en octobre 2011. A l’inverse des précédentes tentatives, ce désarmement n’est soumis à aucune négociation sur le statut des prisonniers basques incarcérés dans les prisons espagnoles et françaises.
Rien n'a filtré sur les modalités de remise de son arsenal. Il comprendrait plusieurs centaines d'armes et de kilos d'explosifs disséminés dans les «zulos» («caches») dont certains sont connus et surveillés par les polices françaises et espagnoles. Seule certitude : vendredi, le responsable du mouvement écologiste basque Bizi!, Txetx Etcheverry, a confirmé à l'AFP qu'ETA «a remis les armes à la société civile» et qu'«elles sont sur le sol français». Selon des «sources proches du dossier» citées par la Croix les services de police et de gendarmerie, ainsi que des spécialistes du déminage, sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris seraient mobilisés et «prêts à intervenir».
«Aucun avantage, aucun bénéfice politique»
A Bayonne, les «artisans de la paix» tablent sur «la mobilisation populaire» pour soutenir leur initiative. Conférences, débats, prise de parole : des milliers de participants sont attendus le 8 avril à «la journée du désarmement» organisée sur la place Saint-André. Des centaines d'élus basques venus de France et d'Espagne mais aussi des personnalités parmi lesquelles José Bové, député européen EE-LV, l'avocat Jean-Pierre Mignard, un proche de François Hollande, et Louis Joinet, ancien expert auprès de l'ONU et conseiller de François Mitterrand y sont également attendus.
De son côté, Madrid a fait savoir qu'ETA «n'avait rien à attendre». «Elle ne tirera aucun avantage, aucun bénéfice politique de son désarmement unilatéral», a déclaré Iñigo Méndez de Vigo, ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement de Mariano Rajoy. Le gouvernement français s'alignera-t-il sur cette position ? C'est la question posée ce samedi à Bayonne.