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Meeting

Marine Le Pen : petites salles et grands espoirs

En donnant ce mardi soir une réunion à Arcis-sur-Aube, dans l'est de la France, Marine Le Pen s'est rappelée au bon souvenir de cette «France des oubliés» à laquelle elle a une nouvelle fois livré un discours sans surprise.
Réunion publique de Marine Le Pen, à Arcis-sur-Aube, le 11 avril 2017. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 11 avril 2017 à 21h40
(mis à jour le 11 avril 2017 à 22h25)

Dans la campagne de Marine Le Pen, il y a ces grands meetings tenus dans les meilleures salles des métropoles régionales, à Lille, Metz, Nantes et ailleurs. Et il y a les meetings «de poche», à la Bazoche-Gouet, à la Trinité-Porhoët, à Monswiller : petites communes, petites salles, une manière de s’adresser à cette «France des oubliés» dont la frontiste se veut la championne.

C’est à une réunion de ce genre que la candidate a dédié sa soirée de mardi. Direction Arcis-sur-Aube, une commune de 3000 habitants dans l’ancienne région Champagne-Ardenne, qui a ces dernières années accordé de généreux suffrages au parti lepéniste. En début de soirée, une longue queue se formait devant la salle des fêtes du bourg, déjà presque pleine : à douze jours du vote, plusieurs centaines de personnes sont venus écouter la candidate du Front national, dont tous les sondages prédisent la facile accession au second tour.

Le Pen s'abtient de citer Mélenchon, toujours plus proche du trio de tête

Meeting «de poche» ? Le surnom est charmant, mais le format est redoutable. La salle ne coûte pas grand-chose au parti. Mais vite remplie par un public debout, et pour parti composé d'indécis, elle offre à l’oratrice un rapport immédiat avec son l'assistance loin de la froideur spacieuse des Zéniths. Plus qu’à son habitude, Marine Le Pen multiplie les imitations et les effets rhétoriques, qui ravissent les présents. Cette approche «de proximité» qui n’empêche pas la présence de nombreux médias, qui donneront à la causerie un écho presque égal à celui d’un grand meeting.

Sur le fond, Marine Le Pen aura livré à Arcis-sur-Aube un discours sans surprise, centré sur la défense des «petits» contre les «gros». Sur la petite scène de la salle, la candidate souligne longuement les convergences entre ses deux principaux adversaires, François Fillon et Emmanuel Macron, mais sans prononcer le nom de Jean-Luc Mélenchon, toujours plus proche du trio de tête dans les sondages. Ce soir, il est surtout question de sécurité et d’immigration : la plus forte ovation de la soirée intervient lorsque Marine Le Pen suggère que l’argent dépensé pour l’accueil des migrants serait «

mieux utilisé pour les pauvres de nos rues

».

Applaudissements plus rares et moins fournis lorsque la candidate aborde les questions économiques. Et si la promesse d'une sortie de l'Union européenne n'a pas été éludée, Marine Le Pen ne lui a accordé que fort peu de temps : depuis le début de la campagne, le FN s'efforce de polir cet aspect de son programme, central et pourtant toujours impopulaire dans l'opinion. «Nous allons gagner cette élection présidentielle», lance en conclusion la frontiste qui, sitôt son discours terminé, saute dans sa voiture pour un retour express vers Paris. Samedi, à Perpignan, elle retrouvera la solitude des grandes salles.