Affaire classée. Le parquet de Paris a décidé de ne pas poursuivre plus avant l'enquête préliminaire ouverte pour «apologie du terrorisme» visant un assistant parlementaire au Sénat. La justice a rendu le 5 avril son classement sans suite, a indiqué l'AFP. «Nous en avons été informés hier [mardi]. Le parquet estime qu'il n'y avait pas de charge suffisante», précise l'avocat de Yacine Chaouat, Me Casubolo Ferro.
L'histoire, révélée sans pincette dans un article du Canard enchaîné titré «Fan de Daech au Sénat», n'était pas passée inaperçue. Chaouat, collaborateur du sénateur (PS) de Paris Roger Madec, était soupçonné d'avoir liké sur Facebook des contenus favorables au jihad. C'est en tout cas ce que prétendait le signalement fait aux autorités par une responsable associative avec qui il avait travaillé. Cette connaissance avait aussi mis la structure de Dounia Bouzar dans la boucle, structure dans laquelle travaille Farid Benyettou. Ce repenti de la filière des Buttes-Chaumont et ancien mentor de Chérif Kouachi, auteur avec son frère de l'attentat contre Charlie Hebdo, est une vieille connaissance de Chaouat, ainsi que ce dernier l'avait raconté dans une interview au Parisien : «Benyettou me connaît depuis le début des années 2000. A l'époque, il considérait que je n'étais pas un bon musulman. Mon seul tort ? Accepter la démocratie. Lui s'est proclamé émir et a tout fait pour envoyer des jeunes combattre en Irak, raison pour laquelle il a été condamné à six ans de prison pour terrorisme.» Dans le même entretien, Chaouat dénonçait aussi le terrorisme et laissait entendre que cette affaire était un règlement de comptes.
L'enquête confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne n'a pas permis de mettre au jour des contenus faisant l'apologie du terrorisme sur le compte Facebook de l'assistant parlementaire. «Tout ce qu'on a retrouvé chez les flics, c'est le "like" d'un article sur un guerrier musulman fait prisonnier au XVe siècle par l'armée perse», affirme son avocat. «Mon client ne présente aucun signe de radicalisation. Rien. Il a eu droit à trois mois d'emmerdes, tout le monde l'évite au Sénat. Il a perdu 15 kg dans cette affaire», dénonce-t-il, ajoutant qu'il prépare une contre-attaque sur le terrain judiciaire contre ces dénonciations calomnieuses.