Mais pourquoi diable François Fillon s'est-il juché sur une chaise en plastique - forcément instable - alors qu'il aurait pu saluer la foule de la tribune ? «Au fil des mois, j'ai vu évoluer sa façon de se comporter en meeting, note le photographe Albert Facelly qui a suivi pour Libération le candidat LR. Au début il traversait la salle et s'asseyait sagement sur le siège qui lui était destiné. Après les révélations sur les affaires, il s'est lâché. Et c'est devenu un rituel : il grimpait sur sa chaise pour saluer ses supporteurs. Après l'enfarinage, il s'est mis à esquiver la foule ; il entrait par le côté, en longeant les barrières de sécurité.» Marine Le Pen, elle, a été dure à photographier. «Tout était verrouillé par ses services. On nous affectait une position et on ne pouvait plus en bouger. Si elle était bonne, tant mieux, sinon tant pis pour nous», dit Laurent Troude, qui avant de photographier Marine Le Pen en 2017, avait suivi Sarkozy en 2007 et 2012. Cette campagne-là a été selon lui «très difficile» : «La plus difficile de ma carrière», confie-t-il. Les meetings de Jean-Luc Mélenchon, eux, peuvent se résumer en un mot : one-man-show. «Il a su innover, les gens venaient au spectacle. Et lui jouait le jeu à fond, déclamant souvent un poème à la fin, raconte Boris Allin qui l'a suivi de bout en bout. Les hologrammes en faisaient partie, c'était du show, et les gens adoraient, ils étaient très respectueux.» La photo d'Emmanuel Macron que nous avons choisie a une vraie histoire, qui résume bien le parcours du leader d'En marche. «Il venait de déclarer sa candidature. De nombreux médias étaient là. C'était très formel, conventionnel», se souvient Patrick Gherdoussi qui, travaillant à Marseille, a couvert les déplacements de plusieurs candidats. «Quand il est sorti du meeting et qu'il s'est engouffré dans sa voiture, je me suis positionné de l'autre côté de la portière. Au moment où j'ai pris la photo il répondait à un journaliste télé et là, en un quart de seconde, son visage a changé, il a pris une expression très conquérante.» Une attitude très différente de celle de Benoît Hamon, qui misait sur la pédagogie. «Il était dans la démonstration, l'explication, presque professoral.» Trop, peut-être.
Diapo
Photomarathon d’une campagne
Sur la Canebière, le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, début avril. (Photo Boris Allin. Hans Lucas)
publié le 21 avril 2017 à 20h16
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