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Libération

Se taire au moment du choix, c’est trahir la démocratie

publié le 27 avril 2017 à 20h26

Chaque vendredi, Thierry Mandon, secrétaire d'Etat à l'Ensei gnement supérieur, chronique la campagne électorale.

Confrontation. L’épisode mouvementé de la journée Whirlpool des candidats résume la logique du second tour de toute élection présidentielle. Celle d’un duel implacable arbitré par les Français. Il n’y a pas d’autre issue pour les candidats que d’accepter le choc. Le second tour oblige à faire face. Beaucoup plus que l’on ne croit. Opposition de styles, de personnalités, de façons d’être bien sûr qui renseignent sur ce que pourrait être le comportement du futur élu.

En s'imposant de force dans l'agenda choisi par son rival - malgré l'indécence de son jovial et bref passage au milieu des douleurs des salariés - Marine Le Pen démontre qu'elle croit à la force en toute chose. Emmanuel Macron pour sa part fait le choix de l'argumentation et de la défense pied à pied, au milieu des salariés, de ce que sera demain son action. Autopromotion contre explications. Obligation aussi de faire face aux problèmes et de chercher à y répondre sans biaiser. La candidate d'extrême droite se contente d'une rapide pétition de principe («avec moi cela ne fermera pas») sans que l'on en sache plus sur les voies et moyens. Dans ce domaine, comme en matière économique plus généralement, elle préfère l'affirmation martiale à l'argumentation et, pour être plus direct encore, ce qu'elle sait être un mensonge plutôt que des solutions. Macron fait un choix inverse, celui de la pédagogie et des réponses qui seront assumées, bref, le choix des responsabilités auxquelles il concourt. Pétition contre décisions. Faire face, une obligation qui, au-delà des deux protagonistes, s'impose à chacun. Citoyens, bien sûr, qui doivent choisir en leur âme et conscience. Une présidentielle n'est pas une question de morale mais un choix politique. Il n'y a pas un bon vote et un mauvais vote, un vote chic et un vote pas chic, mais deux visions, absolument contradictoires, d'un avenir commun entre lesquelles le citoyen arbitre.

Pour moi ce sera le plébiscite pour la République, donc le vote Macron. Cette obligation s'impose plus encore aux responsables politiques. Il n'y aurait aucune excuse à leur silence. D'autant plus quand ceux-ci, il y a peu, s'autoproclamaient «hommes providentiels». Se taire au moment du choix ultime, c'est trahir la démocratie, se dérober au débat de fond, se réfugier dans l'isolement de certaines élites dont le sociologue Lasch disait qu'il n'est rien d'autre que «cette haine mortelle de ce qui n'est pas elle-même». Il faut assumer la confrontation dans toutes ses dimensions. S'y dérober, c'est reculer pour mieux sauter. Engagement contre résignation.