Vous savez quoi ? Quand on l’a vu, mercredi soir, tout seul dans son petit costume, recroquevillé sous les coups de boutoir telle l’huître subissant l’assaut de la goutte de citron létale, eh bien on a été un petit peu ému […] : et si, derrière le hâbleur nationaliste, l’autocrate ultralibéral, l’épicier en chef de l’UMP, battait autre chose qu’une luxueuse mécanique horlogère de précision suisse ? Naaaan, on déconne… […] Que nous restera-t-il de Sarkozy dimanche soir sitôt sonnés les 20 coups de 20 heures sinon la suppression de la pub sur France Télévisions après ces mêmes fatidiques 20 coups ? Rien, on est d’accord. […] Faut dire qu’on s’est bien gondolé avec Sarkozy. Enfin pas avec, de, plutôt. En petits Laurent Gerra de la rue Béranger, nous nous sommes gaussés de son élocution créative et de sa grammaire exotique. […] Alors, forcément, à quelques heures de se quitter définitivement, on a comme un pincement à la plume. Tant de vulgarité en sautoir, tant de tapage et de bruit, d’ignorance arborée : perdre Sarkozy, c’est comme éteindre la télé.
Extrait de Libération des 5 et 6 mai 2012