On efface tout et on recommence. Comme si l’élection présidentielle n’avait jamais existé, le nouveau chef de file de la droite dans la bataille législative, le sénateur LR François Baroin, présentera mercredi matin un projet de gouvernement qui contredit, sur plusieurs points, celui qu’il a défendu avec François Fillon. La hausse de la TVA est ainsi abandonnée, tout comme l’ambition de supprimer en cinq ans un demi-million d’emplois publics. La défiscalisation des heures supplémentaires, jugée nocive par l’ancien Premier ministre, serait en revanche restaurée.
Amnésie collective
Dans un périlleux exercice d’amnésie collective, les dirigeants de la droite ont tiré un trait sur les débats qui avaient animé la primaire tout au long de l’année 2016. Car le texte approuvé ce mardi par le bureau politique se résume, pour l’essentiel, à un recyclage des propositions que Nicolas Sarkozy, alors président de LR et candidat non déclaré à la primaire, avait fait approuver en juillet 2016 par le Conseil national du parti. Tout comme Alain Juppé et Bruno Le Maire, Fillon avait alors refusé de valider ce programme, estimant que le débat devait être tranché par les électeurs de la primaire.
Parler aux classes moyennes et populaires
Après avoir consacré la campagne présidentielle à défendre «la cohérence» d'un projet «courageux» qui ne cachait rien des «efforts nécessaires», la droite se lance dans la campagne législative avec le souci de «parler» aux classes moyennes et populaires selon elle maltraitées dans le programme d'Emmanuel Macron. Pour prendre leur revanche les 11 et 18 juin prochain, elle semble prête à reléguer au second plan le combat pour la compétitivité et contre les déficits, priorités abolues du candidat Fillon. Baroin en affiche une autre : parce que «les Français n'en peuvent plus», il promet une baisse de 10% de l'impôt sur le revenu.
Ce virage sera peut-être difficilement négociable pour beaucoup de responsables LR qui croyaient défendre, avec Fillon, «le courage de vérité». La hausse de la TVA, désormais abandonnée, n'était-elle pas défendue par les deux finalistes de la primaire ? C'était, disaient-ils, «le seul vrai moyen» pour alléger les charges pesant sur les entreprises, diminuer le coût du travail et provoquer le «choc de compétitivité» dont le pays aurait besoin. Quant à la restauration de la défiscalisation des heures supplémentaires – imposée par Sarkozy en 2007 puis supprimées par la gauche avant que Valls ne propose leur rétablissement pendant la primaire –, François Fillon expliquait que cette mesure contredisait l'objectif de «sortie des 35 heures», autre priorité des électeurs de la primaire.