A en croire SOS Homophobie, de nombreux «trolls», profitant de l'anonymat d'Internet, se sont particulièrement déchaînés en 2016 contre les transsexuels. Exemple : «Attends, t'as une bite ou pas ? Je sais pas si t'es un travelo, mais beurk, être fier d'une maladie mentale…» Mais nul besoin d'aller surfer davantage sur le Web pour constater la transphobie. Elle se retrouve dans le quotidien des trans (qui sont 121 à avoir contacté SOS Homophobie en 2016 contre 63 en 2015, près du double). Le témoignage de Daniel est, à ce titre, affligeant.
A l'occasion d'une formation, ce dernier se retrouve en compagnie d'autres personnes qu'il ne connaît pas. On lui demande : «Etes-vous une fille ou un garçon ?» Il ne répond pas. Rebelote : «Alors, fille ou garçon ?» Ou encore : «Mais t'es une fille, toi.» Ce à quoi Daniel répond : «Vous n'en savez rien, vous ne m'avez jamais vu nu.» Il entend alors : «Quelqu'un est volontaire pour vérifier ?» Rire des autres. Le groupe va jusqu'à demander : «T'es attiré par qui ? Les animaux, pas vrai ?»
Au milieu de ce sombre tableau, une éclaircie : la loi du 18 novembre 2016, dite de «modernisation de la justice du XXIe siècle», qui facilite le changement de sexe des trans à l'état civil. Il n'est plus soumis à aucune condition médicale (ni stérilisation ni certificats médicaux à fournir). Mais le feu vert reste cependant entre les mains d'un juge. Pour nombre de transsexuels, «le législateur n'est pas allé jusqu'à consacrer le principe d'autodétermination en admettant un changement d'état civil sur simple déclaration».