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Libération
EDITORIAL

Pari

par
publié le 19 mai 2017 à 20h26

La société civile est-elle l’avenir de l’homme politique ? On a suffisamment défendu dans les pages de ce journal l’exigence de renouvellement d’une classe politique française presque exclusivement masculine, blanche, vieillissante et trop souvent sortie du même moule de l’énarchie, pour ne pas se réjouir du pari réussi d’Emmanuel Macron. En attirant à lui de nouvelles personnalités qui n’avaient jusqu’à présent jamais voulu ou pu se jeter dans le grand bain de la politique, le président de la République fait œuvre de salubrité publique. L’entre-soi n’a jamais produit aucune grande rénovation démocratique. L’arrivée de ces nouveaux visages était donc une condition nécessaire. Mais malheureusement pas suffisante. Car au-delà du renouvellement, qui avait déjà été entamé grâce à la loi sur la parité, notre classe politique souffre d’un manque structurel de diversité. Les nouveaux visages du gouvernement d’Edouard Philippe et, surtout, les candidats d’En marche aux législatives n’y changent pas grand-chose. Certes, beaucoup d’entre eux travaillent dans le secteur privé. Ce qui constitue un vrai changement dans le logiciel d’une classe politique formatée par la haute fonction publique. Mais la société civile de Macron est d’abord une France hautement diplômée, déjà arrivée aux responsabilités. Cette société civile du haut saura-t-elle parler à la France du bas ? Rien ne le garantit. L’autre limite de ce chantier macronien n’est pas moins importante. Le président de la République veut de nouvelles têtes mais refuse d’imaginer de nouvelles pratiques du pouvoir plus en prise avec la société. Au contraire, il revendique la verticalité, la discipline et la confidentialité, comme de nouveaux mantras d’un «mieux gouverner». Macron veut faire du vieux avec du neuf. Et cette société civile, aussi talentueuse soit-elle, n’a pas vraiment eu son mot à dire.