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Terrorisme

Manchester : pourquoi l’Elysée et Matignon ont mis du temps à réagir ?

Attentat de Manchesterdossier
Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Edouard Philippe, ont tardé avant d’exprimer leur compassion au peuple britannique. Un retard à l’allumage lié à la désorganisation au sommet de l’Etat, huit jours après la passation de pouvoir.
A l'Elysée, le 18 mai. (Photo Philippe Wojazer. AFP)
publié le 23 mai 2017 à 15h07

L'Elysée est il vraiment en ordre de marche ? La communication verrouillée du Palais pourrait bien dissimuler un problème plus sérieux, comme en atteste la réaction tardive du chef de l'Etat après l'attentat sanglant qui lundi à 23h33 (heure française) a frappé Manchester. Alors que les premières dépêches inondent les fils des agences de presse nuitamment, il faut attendre huit heures du matin la réaction du Premier ministre, Edouard Philippe, et un quart d'heure supplémentaire pour qu'Emmanuel Macron exprime officiellement «toute sa compassion et sa sollicitude au peuple britannique». Soit cinq bonnes heures après que la Première ministre britannique, Theresa May, condamne officiellement une «attaque terroriste épouvantable».

Un silence radio d'autant plus interminable que les maires de Paris et de Nice, Anne Hidalgo et Christian Estrosi, n'ont pas même attendu la déclaration de Theresa May pour faire part sur les réseaux sociaux de leur «effroi» et de leur «solidarité».  Seul le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb fait exception, lui qui dès quatre heures du matin exprime lui aussi sa solidarité dans un tweet sur son compte personnel. A croire que l'exécutif dort sur ses deux oreilles sans qu'aucune permanence ne soit encore mise en place. Ce que n'a manqué pas de relever dès l'aube la sarkozyste Nadine Morano.

«Foutoir» qui règne (encore) au sommet de l’Etat

C'est (pour une fois) bien vu. «La vérité, c'est que personne n'a pris l'initiative de rien, ni d'expression publique, ni d'organisation de cellule de crise», confie une source gouvernementale encore éberluée. Ce retard à l'allumage, confirmé par une autre source, n'aurait donc rien de calculé, mais serait la simple conséquence de l'actuel «foutoir» qui règne (encore) au sommet de l'Etat dix jours après la passation de pouvoir. Lequel ne convoque une réunion d'état-major place Beauvau qu'à 10 heures du matin. Petite consolation, la chancelière allemande, Angela Merkel, n'a pas montré plus d'empressement que le président français : elle a attendu 9h20 pour dire sa «tristesse» et son «horreur».