«Aussi longtemps que la sécurité de nos concitoyens le justifie, aussi longtemps que les perquisitions administratives que seul permet l'état d'urgence sont indispensables, il convient de maintenir l'état d'urgence», avait déclaré le candidat Macron au JT de France 2. C'était le samedi 19 mars, juste après qu'une militaire de l'opération Sentinelle a été agressée à l'aéroport d'Orly.
Quelque temps plus tôt, il soutenait pourtant l'inverse, dans son ouvrage Révolution publié en novembre 2016. Il appelait ainsi à une sortie dès que «cela sera possible», précisant que «sa prolongation sans fin, chacun le sait, pose plus de questions qu'elle ne résout de problèmes». Et d'ajouter : «Nous ne pouvons pas vivre en permanence dans un régime d'exception. Il faut donc revenir au droit commun, tel qu'il a été renforcé par le législateur et agir avec les bons instruments. Nous avons tout l'appareil législatif permettant de répondre, dans la durée, à la situation qui est la nôtre.» Pour rappel, ce régime d'exception créé en 1955 durant la guerre d'Algérie permet notamment des assignations à résidence et «des perquisitions à domicile de jour comme de nuit» sans passer par l'autorité judiciaire.
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Ce mercredi matin, le président Emmanuel Macron a finalement levé toute ambiguïté quant à sa position. Deux jours après l'attentat qui a fait 22 morts à Manchester, il vient d'annoncer la prolongation de l'état d'urgence qui devait arriver à échéance le 15 juillet. A l'issue d'un Conseil de défense, il a précisé que le Parlement serait saisi d'une prolongation jusqu'au 1er novembre. Il réclame également une nouvelle loi, une de plus, pour lutter contre «la menace terroriste». Interrogé un peu plus tôt dans la matinée sur BFM TV, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait déjà laissé entendre cette demande de prolongation tout en précisant qu'elle ne devait pas l'être «de manière indéfinie». Si la mesure est votée et va à son terme, il s'agirait de la sixième prolongation depuis son entrée en vigueur au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, soit vingt-trois mois d'état d'urgence.