Menu
Libération
Enfumage

Harcèlement sexuel: la communication douteuse de Denis Baupin

Le député écolo, accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles par d'anciennes collaboratrices, a relayé l'info selon laquelle ces dernières ont été mises en examen... alors qu'il s'agit d'une procédure automatique.
Denis Baupin à l'Assemblée nationale, le 2 décembre 2015. (Photo Martin Bureau. AFP)
publié le 26 mai 2017 à 9h12

Denis Baupin, qui est l'objet d'accusations de harcèlement et d'agression sexuelle à son encontre portées par plusieurs femmes il y a un an, a décidément une communication douteuse sur le sujet. En mars, il s'était réjoui de façon mensongère «que son innocence soit prouvée», alors que le parquet notait explicitement que le classement sans suite de la procédure était dû notamment à la prescription de certains faits pourtant «susceptibles d'être qualifiés pénalement». Jeudi, le député écologiste a relayé un tweet du magazine Closer ainsi rédigé : «Affaire Baupin : 5 accusatrices mises en examen pour diffamation.»

Or, cette mise en examen, présentée à tort par Closer comme une «avancée» dans l'affaire est en fait une non-info. La mise en examen est en effet automatique lors de dépôt de plainte pour diffamation avec constitution de partie civile. «Le juge d'instruction met automatiquement la personne concernée en examen dès lors qu'il est avéré que c'est bien elle qui a tenu les propos supposément diffamatoires», explique à Libération Michaël Ghnassia, avocat spécialiste du droit de la presse. Mais cette mise en examen ne signifie pas que le juge estime que le délit soit constitué.

«Après la mise en examen, il y a renvoi automatique devant la juridiction concernée, en l'occurrence la 17e chambre correctionnelle de Paris, qui fixe un calendrier, poursuit Me Ghnassia. On ne peut pas se réjouir d'une mise en examen dans ces conditions, conclut-il. Et Denis Baupin et son avocat le savent très bien.»

Denis Baupin n'est pas le seul à commettre (ou entretenir) cette confusion. En mars, Louis Aliot s'était ému que la presse ne relaie pas la mise en examen de Benoît Hamon, alors candidat à l'élection présidentielle. La raison en était identique : objet d'une plainte pour «injure publique envers un particulier», le candidat socialiste s'était vu mettre en examen de façon automatique, comme dans le cas d'une procédure en diffamation.