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Libération
Éditorial

Big bang libéral

publié le 6 juin 2017 à 21h06

Aller vite, frapper fort. Le document que nous publions montre une intention claire : réformer sur des points essentiels le code du travail pour introduire une flexibilité jusque-là inconnue en France. Il ne décrit pas forcément les mesures qui seront finalement retenues. Mais il démontre un état d’esprit et une volonté. Celle de faire droit aux revendications patronales les plus aiguës en matière de négociation et de licenciement. Ainsi pourraient être prévus en amont, dans le contrat de travail, les critères de licenciement, qui ne seraient plus encadrés directement par la loi. Ainsi pourraient être changé le montant des indemnités légales en cas de rupture de contrat, la durée du préavis ou encore les modalités de la période d’essai. Ainsi pourraient être modifié, par négociation dans l’entreprise, le régime des CDD qui serait libéralisé bien au-delà des règles actuelles. Un big bang libéral au cœur du code du travail…

Cette intention manifeste pose deux problèmes. D’abord celui de la sincérité. Les mesures étudiées par le ministère du Travail vont nettement plus loin que les intentions publiquement affichées par le gouvernement. Ainsi les électeurs se prononceront dimanche, et le dimanche suivant, sur des principes vagues et découvriront la véritable réforme en lisant en septembre le détail des dispositions promulguées par ordonnances. On fait mieux en matière de transparence et de démocratie.

Ensuite la question de fond. Il s’agit bien sûr, aux yeux du gouvernement, de libéraliser le marché du travail pour faciliter l’embauche et donc réduire le chômage. Mais ce mécanisme est-il avéré ? L’Allemagne, par exemple, protège tout autant ses salariés que la France mais supporte un chômage bien moindre. Pour venir en aide aux chômeurs, faut-il vraiment précariser de la sorte les salariés ? A tout le moins, on reste sceptique.