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Au rapport

Ecole : des sénateurs contre une retour de la semaine de quatre jours

La Haute Assemblée invite le gouvernement, qui a préparé un projet de décret permettant de déroger aux 4,5 jours de la loi Peillon, à faire preuve de prudence et demande une évaluation des rythmes scolaires.
Plusieurs rapports soulignent que la semaine de quatre jours et demi, avec des journées moins longues, est plus adaptée au rythme des enfants. (Photo MARTIN BUREAU. AFP)
publié le 8 juin 2017 à 19h49

Alors que le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a présenté ce jeudi au Conseil supérieur de l'éducation un projet de décret qui permet de déroger à la semaine de quatre jours et demi, un groupe de travail du Sénat rend ses conclusions sur la réforme des rythmes scolaires de 2013. Après six mois d'enquête, les quatre rapporteurs demandent au ministre de «ne pas revenir en arrière», et réclament une évaluation du dispositif des rythmes actuels.

Si ce décret est adopté, les communes qui le souhaitent pourront, en accord avec les conseils d'écoles locaux, revenir à quatre jours d'enseignement par semaine. Pour les enfants, cela veut dire des semaines plus courtes et des journées plus longues, avec environ six heures d'enseignement par jour. Le sénateur Jean-Claude Carle (LR) rappelle qu'en 2010, des études menées par l'Institut Montaigne et l'Académie de médecine prouvaient qu'au-delà de cinq heures de cours, les enfants ont plus de mal à se concentrer. «On sait que les élèves sont plus réceptifs le matin, insiste encore la sénatrice Mireille Jouve (RDSE). Les quatre jours et demi d'école ont été mis en place pour alléger la densité d'enseignement, en l'étalant sur la semaine.»

Pour les communes qui reviendraient à quatre jours, les rapporteurs demandent donc que le temps d’enseignement n’excède pas cinq heures et demie par jour et que les vacances scolaires soient légèrement raccourcies.

La demi-journée supplémentaire (le mercredi ou le samedi selon les communes) a aussi permis d'intégrer des activités périscolaires, qui bénéficiaient surtout aux enfants issus de milieux modestes. «Avec la semaine de quatre jours, les inégalités risquent de se creuser», souligne encore la sénatrice, qui s'inquiète de voir ces enfants laissés «sans solution complémentaire». Les rapporteurs demandent donc que les communes concernées s'engagent à prendre en charge les enfants le mercredi avec des activités utiles à leur développement.

Si la semaine de 4,5 jours reste préférable, le rapport pointe tout de même certains dysfonctionnements, et réclame une évaluation des rythmes scolaires. A l'époque, la réforme a imposé aux communes un cadre «trop rigide», qui a conduit à la mise en place d'aménagements parallèles. Parmi eux, la possibilité de reporter d'un an l'application de la réforme, dont ont profité près de 80% des communes… Face à ce constat, les rapporteurs réclament une «plus grande souplesse» du dispositif en fonction des «spécificités locales», grâce à un dialogue renforcé entre les différents acteurs de l'éducation.

Avec le projet de décret du gouvernement, les sénateurs craignent que les petites communes choisissent toutes de revenir à la semaine de quatre jours, car le financement des activités périscolaires se révèle très lourd dans leurs budgets (aménagement des locaux, animateurs, cantine ouverte le mercredi). «Il faut absolument que les financements soient maintenus et renforcés», insiste Jean-Claude Carle, qui rappelle qu'à ce jour, l'Etat représente «seulement un tiers du financement du dispositif scolaire des communes», alors que le coût de la réforme est estimé à plus d'un milliard d'euros au total pour les collectivités.