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Sébastien Pietrasanta, député PS spécialiste sécurité «Le judiciaire contourné»

publié le 8 juin 2017 à 21h06

«Je trouve plutôt inquiétant qu’un système dérogatoire et exceptionnel puisse entrer dans le droit commun. On ne peut pas dire qu’on sort de l’état d’urgence pendant une campagne présidentielle et finalement mettre cet état d’urgence dans la loi de tous les jours. On perpétue un système dérogatoire, on laisse la plénitude d’action aux préfets, on contourne l’autorité judiciaire : tout cela m’interroge.

«D’autant plus que j’ai aussi des réserves sur l’efficacité de ces mesures, quel que soit l’endroit où vous choisissez de les ranger, état d’urgence ou droit commun. Elles sont sûrement utiles pour le maintien de l’ordre mais, pour le reste, j’ai des doutes. Ainsi, le contrôle parlementaire a montré que les perquisitions administratives et les assignations à résidence avaient eu, grâce à l’effet de surprise, une utilité réelle dans les premiers jours. Mais ensuite, le ménage était fait avant les perquisitions. Ces dernières sont peut-être utiles pour certains services de police, mais pas forcément pour ceux du renseignement dans la lutte contre le terrorisme. Leur but est de surveiller, pas d’aller taper aux portes des personnes à surveiller. Enfin, je ne peux pas, comme homme de gauche, critiquer la droite qui souhaite interner les fichés S et, dans le même temps, accepter des assignés à résidence permanents qui ne sont pas judiciarisés.»