Samir, un bonhomme enveloppé aux cheveux gris : «A part le candidat qui représente Jacques Cheminade, on ne sait plus qui est qui.» Un quinqua aux avant-bras de Popeye, après un soupir interminable : «Est-ce que tout cela a vraiment un sens ? 26 candidats…» Une petite fille d'une dizaine d'années à peine : «Mais où est Macron ? S'il n'est pas là, il faut voter pour le chat.» Celui sur l'affiche du parti animaliste.
Dimanche matin, on était pile-poil dans ce que l'on écrit depuis trois semaines : la 18e circonscription de Paris est un boxon et le journaliste n'a qu'à sortir son calepin pour compiler les punchlines devant les bureaux de vote. En cause, notamment : Myriam El Khomri (PS) et Pierres-Yves Bournazel (Les Républicains), qui se réclament tous les deux d'Emmanuel Macron et de la majorité présidentielle – ils ont participé à un speed dating organisé par En marche il y a une dizaine de jours. Ce qui pousse les gens à réfléchir tout haut devant leurs deux affiches, en cherchant du regard qui pourrait les éclairer : «Il est toujours Républicain, lui ?», «Macron la soutient vraiment ?», «Qui est le candidat d'En marche ?» ou «Il a gardé une tête de droite».
Ce qui désespère les indécis qui viennent voter et qui fulminent devant les affiches des favoris : elles sont toutes bleues, même celle de Paul Vannier, candidat de la France insoumise – certains auraient voulu les voir toutes rouges. Et ce qui fait philosopher un passant abstentionniste ? «C'est la folie : si le Parti animalier (sic) et son chat avaient utilisé l'étiquette "Emmanuel Macron", ils auraient eu des chances de l'emporter.»