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Colmatage

Fuites : le gouvernement tente de calmer le jeu avec la presse

L'exécutif a retiré le motif de "recel" de sa plainte initiale déposée auprès du parquet de Paris, suite aux fuites dans les médias concernant la réforme du code du travail. Mais en interne, la chasse aux taupes ne connaît pas de répit.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et Edouard Philippe reçoivent les partenaires sociaux à Matignon, le 29 mai. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 14 juin 2017 à 13h26
(mis à jour le 14 juin 2017 à 17h55)

Après les fuites dans la presse sur la réforme du code du travail, le gouvernement semble vouloir jouer l'apaisement avec les médias. Depuis plusieurs jours, l'exécutif répète ainsi à l'envi que la plainte déposée auprès du parquet de Paris pour «vol, violation du secret professionnel et recel» ne visait pas la presse. «Nous n'avons pas porté plainte contre Libération, assurait encore le Premier ministre, Edouard Philippe, mardi sur France Info. [Ce n'est] en aucun cas un message dirigé contre la presse, qui a non seulement un devoir d'information, mais une envie légitime d'informer». Le "recel", pourtant, concernait directement les médias. Ce motif a finalement été retiré de la plainte initiale, mercredi en fin d'après-midi.

Le pouvoir, par ailleurs, a choisi d'arroser tous azimuts. Car cette plainte cite non seulement les articles de Libération (édition du 7 juin sur les projets de réforme du gouvernement issues d'un document interne à la direction générale du travail), mais aussi le Parisien et Médiapart. Pour, semble-t-il, des révélations de nos confrères relatives, respectivement, aux ordonnances et au calendrier de la réforme.

«Atmosphère détestable»

Si l'exécutif, enfin, en rabat sur ses attaques contre la presse, il paraît bien décidé à dénicher ses taupes en interne. «L'atmosphère au sein de la direction générale du travail est détestable, explique une source à Libé. Un big chef a pris les gens un par un et leur a demandé de denoncer la taupe. Une grosse pression est mise sur tout le monde.» Dans le tumulte, et pour tirer des larmes aux agents, la direction aurait même expliqué que leur boss, le directeur général du travail, Yves Struillou, aurait présenté sa démission à la ministre, qui l'aurait refusée. Une information qu'a refusé de commenter, jeudi, le cabinet de Muriel Pénicaud.

Cette forte pression mise par la rue de Grenelle sur ses services n'a pas manqué de diviser les troupes, «entre ceux qui jugent ces fuites normales, car la ministre soutient des mesures qui n'étaient pas au programme de Macron, et les autres qui estiment qu'il ne fallait pas le faire, et qu'ils ne pourront plus jamais travailler comme avant», explique une autre source interne. «Bref, l'ambiance n'est pas terrible, poursuit avec euphémisme cette source, et alors même que l'on part pour des semaines de boulot de fou, comme l'année dernière sur la loi travail, qui nous avait tous épuisés.» Pas de quoi attendrir le pouvoir, qui semble bien déterminé à identifier ses taupes, que d'aucuns considèrent déjà comme des «lanceurs d'alerte».