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Législatives

A droite, dernière élection avant la première scission

Le parti Les Républicains, qui rêvait d’une cohabitation après la présidentielle, espère au mieux une centaine de députés dimanche et devrait se diviser en deux groupes, pro et anti-Macron.
Au siège du parti Les Républicains, en 2017 à Paris. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 16 juin 2017 à 20h46

Dans la débâcle qui vient, la droite trouvera ce motif de soulagement : dimanche soir, elle aura enfin touché le fond. Dans les six semaines qui séparent l’élection d’Emmanuel Macron du premier tour des législatives, l’alliance LR-UDI a dévalé à une vitesse vertigineuse le toboggan de ses ambitions. Après le 7 mai, elle s’était sincèrement crue capable d’approcher la barre des 289 députés, et donc la majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Défaite totale ou humiliante

Dix jours plus tard, elle s’estimait heureuse de pouvoir constituer une grosse minorité de 150 à 200 élus, le niveau qu’elle avait atteint en 2012. A la veille du second tour, voilà désormais qu’elle espère, au mieux, sauver une centaine de sièges, tout en reconnaissant ne pouvoir exclure de tomber en dessous du seuil des 60 députés…

Que la défaite soit totale ou carrément humiliante, l’heure sera, à partir de dimanche soir, aux règlements de compte et à la reconstruction. Vu la gravité des accusations que se sont échangées ces derniers mois les plus hauts responsables du parti, la question de la scission sera nécessairement posée. Il y a «les acharnés» qui ont soutenu Fillon jusqu’au bout et «les dégonflés» qui l’ont brutalement lâché, «les sectaires» qui ont fait serment d’opposition à Emmanuel Macron et «les traîtres» qui ont rejoint le président élu avec armes et bagages. Tous ces responsables politiques peuvent-ils encore vivre ensemble ?

La réponse devrait venir très vite, peut-être dès mercredi matin, quand les rescapés se retrouveront à l’Assemblée pour élire leur président de groupe. Ce rendez-vous est tellement décisif que les dirigeants de LR ont reporté à mercredi après-midi le bureau politique censé engager le processus qui doit déboucher, cet automne, sur l’élection du nouveau président du parti.

Conséquence de l’interdiction du cumul des mandats, il se trouve que les principaux prétendants à ce poste ne sont pas députés mais présidents de région. Ni Laurent Wauquiez, ni Xavier Bertrand, ni Valérie Pécresse ne participeront donc à la réunion cruciale de mercredi matin. Ils ont tous les trois pris soin de faire savoir qu’ils s’inscriraient dans l’opposition s’ils étaient députés.

Survivants de la déroute

Le sort du groupe LR dépendra du rapport de force entre deux camps : d’un côté «les constructifs», prêts à participer à la majorité présidentielle en votant la confiance au gouvernement ; de l’autre «les légitimistes», bien décidés à s’inscrire dans l’opposition à une majorité qui reste, à leurs yeux, fondamentalement de gauche. Les premiers, encouragés par Jean-Pierre Raffarin, pourraient pousser le probable député des Hauts-de-Seine Thierry Solère, un proche du Premier ministre. Les seconds, soutenus de l’extérieur par Wauquiez et de l’intérieur par Eric Ciotti, devraient être favorables à la reconduite de Christian Jacob, en ballottage favorable dans sa circonscription de Seine-et-Marne.

Qui, des constructifs ou des légitimistes, sera majoritaire dans le groupe LR ? Difficile de risquer le moindre pronostic. Les deux camps espèrent au moins une vingtaine d'élus et la partie sera sans doute arbitrée par les hésitants, qui pourraient se décider à la dernière minute. Pour mettre tout le monde d'accord et préserver l'unité de «la famille», certains dirigeants de LR comme Bernard Accoyer poussent le député de l'Ain Damien Abad, l'un des rares LR de sa région à avoir résisté au premier tour à la poussée LREM. Il se propose lui-même de faire «le trait d'union» entre les deux camps.

S'ils sont minoritaires, les constructifs pourraient toutefois être tenté de faire sécession afin de créer un groupe disposé à soutenir le gouvernement Philippe. Pour exister dans la future Assemblée, ils pourraient se regrouper avec les survivants de la déroute qui n'épargnera évidemment pas les centristes de l'UDI. «Ce n'est là qu'une hypothèse», tempère un élu LR. Les inconnues sont encore si nombreuses que l'équation de la recomposition à droite reste insoluble jusqu'à dimanche.