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Justice

Affaire Grégory : les époux Jacob dans les filets de la justice

Affaire Grégory, une histoire françaisedossier
Le grand-oncle et la grand-tante de Grégory Villemin ont été mis en examen vendredi pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Ils sont soupçonnés d’être les corbeaux.
Un courrier déposé par le corbeau derrière les volets de la maison des Villemin le 4 mars 1983. (Photos l’Est républicain. MAXPPP)
publié le 16 juin 2017 à 20h56

Nouvelle étape dans «l’affaire Grégory», du nom du petit garçon de 4 ans retrouvé mort pieds et poings liés dans la Vologne (Vosges) en 1984. Marcel Jacob, l’oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père du garçon), et son épouse,Jacqueline Thuriot, ont été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de la mort et placés en détention provisoire pour quatre jours.

A l'issue des quarante-huit heures de garde à vue, le procureur général de la cour d'appel de Dijon, Jean-Jacques Bosc reste pourtant assez évasif sur les nouveaux éléments qui ont conduit à l'inculpation du couple. Lors d'une conférence de presse, vendredi, il évoque l'analyse graphologique des lettres envoyées aux Villemin par le corbeau «qui permet d'impliquer Mme  Thuriot» mais aussi les progrès réalisés par le logiciel d'analyse criminelle Anacrim. C'est ainsi qu'il pointe une «concordance» entre le contenu de ces lettres et celui des appels téléphoniques passés par le corbeau avant le crime, notamment à travers l'emploi d'un lexique commun. Selon lui, lors de ces coups de fil «d'un homme et d'une femme», le couple n'avait aucun «alibi confirmé ou étayé». Pas plus que sur leur emploi du temps du 16 octobre 1984, jour de la découverte du corps de Grégory dans les eaux de la Vologne.

Si Jacqueline Jacob, 72 ans, a fait valoir «son droit au silence» en garde à vue, son époux, 71 ans, s'est quant à lui, retranché derrière l'amnésie. Néanmoins, devant le juge d'instruction, il a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. Si le couple n'a jamais été inquiété par la justice, les soupçons ne sont pas nouveaux. A l'époque du crime, Marcel était déjà dans le collimateur des enquêteurs, considéré comme le corbeau. Une lettre anonyme faisait état d'une altercation entre deux frères de Jean-Marie Villemin dont il avait été le seul témoin. Pour autant, il sera mis hors de cause.

Son épouse n’a, quant à elle, jamais été interrogée durant les cinq premières années d’enquête. Convoquée une première fois en décembre 1989 par le juge d’instruction, elle s’était dérobée pour être finalement entendue deux ans plus tard, lors d’un entretien où elle s’était montrée particulièrement réticente.

Le procureur Jean-Jacques Bosc a également justifié la double mise en examen par l'inimitié qu'entretenait le couple avec les parents de Grégory, élément bien connu du dossier. «Marcel Jacob dissimule contre l'évidence ses antagonismes avec les parents de Grégory», détaille-t-il. Jaloux de la réussite de Jean-Marie Villemin, à l'époque promu contremaître dans une usine, le septuagénaire l'aurait apostrophé ainsi en 1982 : «Je ne serre pas la main à un chef. Tu n'es qu'un rampant qui n'a pas de poils sur la poitrine», rappelle le magistrat.

Selon lui, l'assassinat de Grégory peut se lire comme la réalisation d'un «acte collectif». Immédiatement après la conférence de presse, les avocats des époux Jacob ont dénoncé la faiblesse des éléments incriminant leurs clients, qu'ils décrivent comme «exténués».