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Libération
Gay Pride

La marche des fiertés ne défilera (toujours) pas dans le Vieux Lyon

Les organisateurs de la manifestation, qui n'ont pas obtenu l'autorisation de se déployer en dehors du centre-ville, dénoncent le monopole de groupuscules d'extrême droite dans le quartier.
A Lyon, lors de l'édition 2015 de la Gay Pride. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
publié le 16 juin 2017 à 18h45

Il est interdit de franchir le pont. Une fois de plus, la Gay Pride n’est pas autorisée à défiler dans le Vieux Lyon, sur la rive droite de la Saône. Officiellement pour des raisons de sécurité liées à l’état d’urgence. Ce samedi, la marche des fiertés restera donc cantonnée dans le centre-ville. Mais les organisateurs dénoncent une raison plus officieuse : la présence de groupuscules d’extrême droite radicale, au discours homophobe. Depuis plusieurs années, Rebeyne-Génération identitaire, les «rats noirs» du GUD ou encore l’Œuvre française s’implantent de ce côté de la rivière. Ce quartier historique représente pour eux les traditions lyonnaises, avec ses bouchons et ses traboules classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

«Une forme de lâcheté»

«La préfecture est gênée. L'état d'urgence est un argument fallacieux et une forme de lâcheté», regrette David Souvestre, le président de la Lesbian and Gay Pride de Lyon. Dans un arrêté préfectoral de dernière minute, daté du 15 juin, les autorités invoquent le renforcement de la lutte antiterroriste mais aussi un problème d'effectifs pour interdire ce parcours. «Ils savent sécuriser la Fête des Lumières, la Manif pour tous mais pas la Gay Pride qui ne dépasse jamais les 10 000 personnes», ironise David Souvestre. 200 policiers devraient être mobilisés pour l'événement. «On respecte la liberté de manifester. Le parcours proposé dans un autre arrondissement offre une large visibilité à la marche des fiertés», tempère Christelle Monteagudo, responsable de la communication à la préfecture. Pas de quoi faire décolérer la communauté LGBT.

Début juin, la préfecture avait proposé à l'association de choisir un tracé alternatif. Hors de question pour l'association. En 2015 déjà, la Gay Pride avait été déroutée de ce «quartier conflictuel et difficile à gérer en matière d'ordre public», selon un courrier des services de l'Etat que nous avons pu consulter. Aucune manifestation mobile n'était autorisée dans ce secteur. Pourtant, des rassemblements organisés par la Manif pour tous ont bien eu lieu dans cet arrondissement, en 2014 et 2015.

«Menace terroriste»

Echaudés, les organisateurs de la marche des fiertés ont proposé cette année de diminuer le nombre de chars, d'organiser des sas de sécurité et de ne circuler que sur les voies larges pour laisser passer les secours. Sans convaincre. «La configuration physique est plus compliquée dans le Varrondissement, avec des quais plus étroits, en bas de colline», explique-t-on du côté de la préfecture. «C'est vraiment une question de sécurité au regard de la menace terroriste. La présence de groupuscules est un tout autre sujet», coupe court Christelle Monteagudo.

Solidaires, des élus locaux dénoncent également l'émergence d'une «zone de non-droit» dans la vieille ville, grignotée par l'extrême droite radicale. L'association LGBT envisage un recours devant le tribunal administratif. «Ce cas à Lyon montre les dérives que peut causer la pérennisation de l'état d'urgence, s'il est inscrit dans le droit commun», s'alarme David Souvestre.