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Libération

Procès des «biens mal acquis» : Obiang Junior brille par son absence

Teodorin Obiang à Malabo (Guinée-Equatoriale) en juin 2013. (Photo Jérôme Leroy. AFP)
publié le 19 juin 2017 à 20h16

«La France, la justice française, peut dire ce qu'elle veut, cela ne nous concerne pas. Vous allez envoyer des gendarmes à Malabo ?» L'ambassadeur de Guinée-Equatoriale à Paris avait annoncé la couleur vendredi confirmant ce qu'on supposait : Teodorin Obiang, fils du plus ancien président africain (en poste depuis 1979), Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, ne s'est pas présenté au premier jour de son procès, lundi, pour blanchiment de corruption et de détournement de fonds publics. Une première audience en forme de baston procédurale, ses avocats demandant la suspension et/ou le report du procès.

C'est la première audience pénale à Paris au titre des «biens mal acquis». La fortune de Obiang Jr, ministre de l'Agriculture puis de la Défense, bombardé vice-président en 2016 pour mieux bétonner son immunité, atteindrait 300 millions d'euros, dont 200 en France. La liste de ses biens donne le tournis : voitures de luxe, jet, hôtel particulier, yacht avec aquarium à requins. Un train de vie résumé par un ex-majordome :«Putes, coke, alcool»…

Sur le fond, l'affaire est d'une simplicité biblique. A la tête de la société Somagui Forestal, «entreprise privée montée par notre vice-président avec des actionnaires malais», précise l'ambassadeur de la Guinée-Equatoriale à Paris, Obiang Jr a vendu des pans entiers de la forêt locale, en tant que ministre de tutelle de l'Agriculture. L'enquête pénale française a démontré que son train de vie à l'étranger aurait non seulement été financé par Somagui Forestal, mais aussi par des virements du Trésor public équato-guinéen, à hauteur de 115 millions d'euros.

L'an dernier, la justice américaine avait également mis les pieds dans le plat, eu égard à la somptueuse villa à Malibu d'Obiang. Ce dernier a accepté à l'été 2016 de verser 30 millions de dollars (27 millions d'euros) contre l'extinction des poursuites. Un tel deal serait-il possible en France ? «Il faudrait que notre vice-président plaide coupable», nuance l'avocat de la Guinée-Equatoriale en France, Jean-Charles Tchikaya, excluant l'hypothèse.

Par ailleurs, la Cour internationale de justice est saisie d’une requête de la Guinée-Equatoriale contre la France. Elle devrait statuer en juillet sur le somptueux hôtel particulier de Teodorin Obiang, avenue Foch, promptement mué en ambassade à l’été 2016, une manip retoquée par le Quai d’Orsay.