C'est une affaire embarrassante pour l'Agence France-Presse. Dans un communiqué, le syndicat SNJ-CGT de la maison accuse, jeudi, sa direction d'avoir «étouffé des informations gênantes pour le nouveau pouvoir». D'après son récit, des journalistes de l'agence, issus du bureau de Rennes, avaient des informations sur le montage immobilier de l'alors ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, avant leur publication par le Canard enchaîné. De même, ils avaient obtenu le témoignage d'un avocat mettant en cause ce proche d'Emmanuel Macron, avant que le Parisien s'en fasse l'écho. Mais les sujets auraient été refusés par la rédaction en chef du service France, selon le SNJ-CGT, qui «rappelle que l'AFP est et doit rester indépendante, que ses journalistes doivent pouvoir enquêter librement et publier toute information même si elle est gênante pour tout type de pouvoir, en particulier le pouvoir politique». Le syndicat cite enfin le cas d'une dépêche, le 17 mai, sur le renvoi en correctionnelle pour diffamation de François Bayrou, qui «n'a pas été diffusée, la rédaction en chef France trouvant son intérêt "trop limité"».
En réunion de rédaction vendredi, la directrice de l'information de l'AFP, Michèle Leridon, a apporté son soutien à la rédaction en chef. «Il n'y a pas de censure à l'AFP, pas d'affaire étouffée», a-t-elle déclaré, selon un mémo interne consulté par Libération. De son côté, le directeur de la région France, Philippe Onillon, a défendu une décision éditoriale. Les sources sur lesquelles étaient fondées les articles liés à Ferrand n'étaient «pas tout à fait claires», selon lui. L'AFP reste marquée par la publication de la fausse annonce de la mort de Martin Bouygues il y a deux ans, qui avait entraîné la nomination de Philippe Onillon.«Le problème pour une rédaction en chef, c'est de ne pas faire son travail : ne jamais retoquer un papier, ne jamais négocier un angle.»