Un selfie vidéo avec Schwarzie quinze jours après un «Make our planet great again» où il trollait, en V.O., le slogan de Trump à l'issue de sa piteuse sortie de l'accord de Paris sur le climat. En maître des horloges, Emmanuel Macron a le sens du timing. C'est ainsi qu'il s'est fait samedi, au côté de l'ex-gouverneur de Californie, le premier avocat d'un «pacte mondial pour l'environnement» qu'il entend défendre dès septembre à l'ONU. Mais le temps pour la justice climatique n'attend pas. L'heure est venue de concrétiser. De passer de l'expression d'une volonté à des mesures tangibles. D'agir et ne pas se contenter de com. «Less talk, more action», a d'ailleurs, plagiant Schwarzenegger, lâché Laurent Fabius, ex-président de la COP 21. Les 30 millions d'euros annoncés pour les scientifiques américains alors que beaucoup de leurs homologues français rament l'illustrent bien. Les enjeux ne manquent pas pour que la soudaine conversion du chef de l'Etat à l'état d'urgence climatique ne vire pas du bénéfice au maléfice du doute : transition énergétique, mobilités, logement, agriculture et alimentation, fiscalité, ambition européenne, aide aux pays les plus vulnérables… Tout cela forme «un tout nécessaire pour passer à la vitesse supérieure», interpelle le Réseau action climat.
En attendant le «plan d’action» promis le 5 juillet, l’accélération est celle d’un paquebot qui change de cap. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a bien annoncé d’ici à l’automne une loi visant à empêcher tout nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures, ce qui arrêterait de fait la recherche de gaz de schiste. Mais pas les permis d’exploitation. Un rattrapage sur la fiscalité essence-diesel. Mais pas de date butoir. Pragmatique, le chef de l’Etat a déjà montré qu’il pouvait effectuer un virage à 180 degrés, comme sur la taxe européenne sur les transactions financières, dont il ne voulait pas et qu’il entend désormais promouvoir pour la solidarité internationale et la lutte climatique. Il doit aller plus loin : assumer le leadership, militer pour combler les failles de l’accord de Paris. Et se battre sans relâche contre l’impasse de l’énergie fossile.