«Chaque Française, chaque Français, quelles que soient ses racines, est un de ses enfants. Pour évoquer la mémoire de Simone Veil, je ne crois pas être, en tant que rabbin, plus légitime qu’un évêque catholique ou qu’un pasteur protestant. Parce que c’est une femme qui a dépassé les clivages et les fractures de la société. A travers sa vision de notre pays, à travers sa vision d’une Europe apaisée, elle a profondément incarné une France porteuse d’espérance et de confiance dans l’homme malgré tout. Elle a réconcilié les différentes fractions de notre pays pour que nous puissions aller ensemble de l’avant…
«Parmi les multiples responsabilités qu’elle a exercées, Simone Veil a été la première présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Mais, pour elle, cette mémoire-là n’était pas communautarisable. Son message ne s’adressait pas seulement aux juifs, mais à l’ensemble de l’humanité. C’était sa force. Elle disait qu’elle avait côtoyé la part la plus sombre de l’humanité, mais aussi sa part la plus lumineuse. Et c’est à cette part lumineuse que Simone Veil souhaitait faire confiance.
«Elle a mené des combats moins connus. Comme conseillère au cabinet du garde des Sceaux, elle s’est préoccupée de la dignité des prisonniers et de l’état des prisons. Simone Veil était très attentive aux manquements à la dignité des personnes. Toutes les plaies qui frappaient notre société lui étaient insupportables. Les attaques violentes qu’elle a subies n’ont jamais été à la hauteur de ses combats. A chaque rencontre, j’ai été frappé par la force que Simone Veil avait pour défendre ses convictions. Et en même temps, c’était un incroyable sourire ! Elle n’était pas particulièrement religieuse, mais elle était emplie d’espérance, d’une foi en l’homme.»