Une loi de «programmation et d'orientation» pour l'accueil des migrants humanitaires et pour une «politique nationale d'intégration». C'est la proposition que la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a faite au gouvernement jeudi, lors d'une visite Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, où près d'un millier de personnes campent aux abords du périphérique ou vivent à même le sol sur les trottoirs du quartier. Face à l'engorgement des établissements d'accueil, la maire de Paris a souligné les limites des «mesures d'urgence» actuelles, qui ne règlent ni l'accueil ni l'intégration des migrants. «Cette crise migratoire va durer, a-t-elle déclaré, désormais, il faut s'organiser, plutôt que de laisser le chaos décider pour nous.» Pour ce faire, elle soumet une quinzaine de mesures pour «repenser l'accueil et l'intégration des réfugiés de façon durable» et «faire du défi migratoire une réussite».
Un dispositif complètement saturé
A la Porte de la Chapelle, Anne Hidalgo a commencé par saluer l'efficacité d'un centre de premier accueil de 400 places situé dans le secteur, qui a permis de rediriger près de 12 000 personnes – qui y sont passées – depuis son ouverture en novembre. Mais aujourd'hui, ce dispositif est complètement saturé : hommes, femmes et enfants vivent dehors dans ses environs. Une «nouvelle opération de mise à l'abri est prévue dans les prochains jours», a également confirmé la maire de Paris, qui rappelle que le campement sauvage a déjà été évacué «près de 34 fois depuis un an».
Face à cette situation, aussi «intenable pour les migrants que pour les habitants du quartier», elle appelle à une meilleure répartition des réfugiés sur l'ensemble du territoire français, soutenue financièrement par un «fonds» dédié à l'accueil humanitaire. Elle demande la création de nouveaux centres sur les grands axes migratoires, celui de la Porte de la Chapelle ne pouvant suffire. «Chacun doit prendre ses responsabilités : l'Etat, les collectivités et les associations», a ainsi expliqué Anne Hidalgo, dont l'équipe travaille déjà avec les maires de plusieurs grandes communes. Pour répartir cet accueil, la maire de Paris suggère un plan de programmation sur cinq ans, inspiré des politiques déjà à l'œuvre en Allemagne et en Italie.
Accélérer le traitement des dossiers et les formations
Concernant l'errance administrative de milliers de réfugiés, perdus dans des procédures longues et complexes, elle propose la réduction du délai de traitement des demandes d'asile à six mois, cette rapidité étant «indispensable pour éviter l'embolie du système d'hébergement et favoriser l'intégration des personnes ayant droit à la protection». En parallèle, elle demande à ce que les formations d'apprentissage du français soient elles aussi accélérées, et que les demandeurs d'asile puissent accéder, dès l'instruction de leurs demandes, au marché du travail.
Au niveau national, Anne Hidalgo encourage aussi les ministres à travailler davantage ensemble sur la politique d'intégration, notamment grâce à la création d'une agence de l'accueil et de l'intégration, placée sous la responsabilité d'un haut-commissaire qui travaillera avec le Premier ministre. «Je ne doute pas des réponses humanitaires du gouvernement», a ajouté la maire de Paris, alors que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'apprête à dévoiler dans quelques jours les mesures concrètes de son «plan» pour l'asile.